La meilleure façon d’marcher, c’est encore la nôtre ; c’est d’mettre un pied devant l’autre et d’recommencer.
Nous concluons, par une marche et une montée vers ce lieu, la Sainte Baume de Lirac, sanctuaire dédié à Notre-Dame de Consolation…
nous concluons le pèlerinage paroissial que nous avons commencé au début de l’année liturgique, le 1er dimanche de l’Avent. C’était le 27 novembre dernier.
Il est plus facile de se déplacer physiquement que de se remuer spirituellement. Nous avons tant de mal à progresser dans la conversion à laquelle Dieu nous appelle : les temps sont accomplis, le royaume de Dieu est proche ; convertissez-vous et croyez à l’évangile. (Mc 1, 15)
Il est plus facile de se déplacer physiquement vers un lieu extérieur à notre paroisse que d’aller visiter les différents lieux de notre paroisse pour y rencontrer nos frères.
Peut-être aurions-nous du commencer fin novembre par une marche ? puisque la démarche physique fait bouger les jointures du corps et de l’âme et prépare les cœurs à recevoir la lumière et la joie de la grâce divine : ainsi, au terme des quarante années passées dans le désert, les hébreux traversèrent le fleuve du Jourdain à pied sec… comme nous l’avons entendu dans le psaume avec le bénéfice spirituel souligné par ces paroles : de là, cette joie qu’il nous donne. Ils passèrent… (les autres)… de là, cette joie que Dieu NOUS donne.
Ils passèrent le fleuve à pied sec. De là, cette joie qu’il nous donne. Psaume 65
Au fil des livres de la Bible, Dieu ne cesse d’appeler :
Abraham : Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Gen 12, 1
Jésus qui nous dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Marc 8, 34 – 35
Et Jésus encore, avant son Ascension : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Mc 16, 15
Tout cela est bien dérangeant ! et ce n’est pas confortable ! alors nous rechignons devant l’effort d’un déplacement, l’effort d’un changement d’habitude… surtout quand, à nos yeux saturés de lumière, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Il nous fallait donc marcher et monter jusqu’ici, dans ce sanctuaire, pour vivre une messe à la chandelle.
Dans la pénombre mais toujours à la lumière du Christ, je laisse à chacun le soin d’évaluer dans le silence de son cœur s’il est entré dans l’esprit de notre pèlerinage. Autant que nous l’avons pu, nous nous sommes dérangés pour aller à la rencontre des frères et sœurs que Jésus a rassemblés, dans notre unique paroisse, en différents lieux.
Aujourd’hui, nous demandons au Seigneur, par l’intercession de Notre-Dame de Consolation, tout ce que chacun de nous peut avoir à demander…
et nous demandons ensemble la grâce que nos yeux et nos cœurs reconnaissent toujours plus les richesses de grâce faites à notre communauté paroissiale dans ses différentes composantes.
Pour cultiver un esprit de famille, il nous faut répondre aux trois appels que j’ai évoqués :
- Quitte ton pays… et va…
Chrétien, par ton baptême, tu es pèlerin… routier sur les chemins de ce monde… en marche vers la Terre que Dieu t’a promise : la vie éternelle à laquelle nous croyons… tout autant que nous croyons en Dieu, Père et Fils et Saint Esprit, tout autant que nous croyons dans le salut que Jésus nous a acquis par sa vie donnée dans sa Passion et dans sa Mort… sa vie qui nous est communiquée par la puissance de sa Résurrection.
- « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
Cet appel nous semble personnel… et notre croix individuelle. Saint Paul le souligne dans la lettre aux Galates : Chacun, en effet, portera sa propre charge. (6, 5)… mais cette remarque de bon sens ne vient qu’après l’invitation : Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ. (6, 2)
Quel que soit notre état de vie, nous savons que nous avons partie liée avec des frères :
- l’homme et le femme, conjoints dans le sacrement de mariage… qui portent ensemble leurs croix respectives… puis celles de leurs enfants
- les frères et sœurs d’une famille ou d’une communauté religieuse
- les prêtres qui s’appliquent à soulager les fidèles et à les conduire sur leur chemin
- et tous les baptisés au sein de l’Eglise… qui n’est pas virtuelle mais concrète, incarnée dans notre diocèse et, plus localement, dans notre paroisse.
Notre époque est celle de l’individu… l’individu qui cherche à se saisir de sa vie et à tirer son épingle du jeu… Mais, dans la vie chrétienne, nous formons un corps, au sens figuré… nous sommes le Corps du Christ, les membres les uns des autres. L’entraide n’est pas une option ou un paramètre ajustable selon nos envies… l’entraide, c’est la charité fraternelle…
Mais il y a ici un piège ! Nous pensons qu’il nous faut toujours donner, toujours plus, se donner, nous donner… jusqu’à l’épuisement… Nos forces sont limitées… et quand nous nous sommes bien donnés et parfois épuisés… alors nous n’en pouvons plus… c’est pourquoi, nous mettons en place de savantes stratégies d’évitement. Au cas où il me demanderait quelque chose, je préfère ne pas le rencontrer.
Mais l’entraide, ce n’est pas que donner… c’est aussi savoir recevoir…
Alors même que Jésus a tout donné et qu’Il nous a dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie, Il nous a laissé tant et tant d’exemples où Il a reçu des autres, où Il s’est émerveillé, où Il a rendu grâce… où ce qu’Il a vu, l’a réconforté. Par exemple, quand il dit au sujet du centurion : « Jamais, je n’ai vu une telle foi en Israël… » Luc 7, 9
ou quand Jésus se laisse toucher et oindre les pieds avec le parfum de Marie Madeleine.
Savons-nous nous émerveiller des grâces et des talents des autres ?
L’appel que Dieu a fait à Abraham le concernait individuellement… Quitte ton pays et va… avec la promesse d’une bénédiction qui, d’un seul homme deviendrait une multitude.
L’appel que Jésus nous adresse est au pluriel, il est collectif et communautaire : Allez ! Allez ensemble annoncer l’évangile à toute la création !
Alors, frères et sœurs, marchons, marchons et que le sang très pur de Notre Seigneur abreuve nos âmes et soit le lien de notre charité ! Oui, la meilleure façon d’marcher, c’est encore la nôtre… pour autant que nous emboitons le pas à notre Seigneur Jésus Christ, né de la Vierge Marie, Notre-Dame de Consolation à qui nous nous confions ici et maintenant !