Prédication pour la prière œcuménique pour l’unité des chrétiens
jeudi 20 janvier 2022
Isaïe 9, 1-7 Ephésiens 5, 8-14 Matthieu 2, 1- 12

Est-il question de lumière dans l’Evangile que nous venons d’entendre ? Je vais vous choquer et répondre non !

En effet, nous n’avons pas entendu le mot ‘lumière’ même s’il a bien été évoqué un astre ou une étoile qui suscite chez les Mages une mise en route et un long voyage depuis l’Orient pour venir se prosterner devant celui qu’ils ne peuvent pas connaître et désigner autrement que ‘Celui qui vient de naître, Roi des Juifs’, Celui qu’ils ne peuvent pas chercher ailleurs qu’à Jérusalem, la cité du grand Roi. Cf. Ps 47 (48), 3 et Mt 5, 35.

La lumière d’un astre les a mis en route. La Parole de Dieu rencontrée à Jérusalem à travers la question posée au Roi Hérode et à toute la ville de Jérusalem, c’est-à-dire au peuple des juifs, les croyants d’Israël, leur donne la réponse et rappelle ainsi aux croyants d’Israël que le prophète Michée a bien désigné Bethléem comme lieu de naissance du Messie, mot hébreu qui signifie Christ en grec. La venue des Mages bouleverse tout Jérusalem parce que leur présence et leur recherche indique qu’Il est là, que c’est maintenant : c’est Lui le Sauveur attendu pour être le Consolateur de son Peuple.

Les Mages continuent leur cheminement, retrouvent – avec une très grande joie – leur étoile pour arriver bientôt à Bethléem, entrer dans la maison et découvrir l’enfant Jésus, avec Marie sa mère ; et tombant aux pieds de l’enfant, ils se prosternent devant Lui et lui font leurs offrandes.

S’il n’y a pas une seule fois le mot lumière dans cette page d’Evangile, c’est bien pour que nos yeux, dans la foi, se dirigent vers Celui qui a dit de lui-même : « Je suis la lumière du monde. » Jn 8, 12 Appelés à nous mettre à sa suite, nous mettons nos pas dans ses traces ; nous ne marchons pas dans les ténèbres mais nous avons la lumière de la vie. Cf. Jn 8, 12

Chrétiens d’Orange et des environs, rassemblés ce soir en ce temple, nous sommes bien conscients de notre tradition commune : la foi est un don de Dieu, nous l’avons reçue par grâce et elle nous apporte le salut. Ensemble, nous avons entendu qu’il y a une grande masse d’hommes et de femmes, un peuple qui marche dans les ténèbres. Pour ces habitants du pays de l’ombre qui, aujourd’hui encore ne connaissent pas Dieu, nous savons que nous avons une mission : les aider à voir resplendir sur eux la grande lumière.

Comment pouvons-nous, chacun de nous et nous tous ensemble, conduire nos frères et sœurs en humanité jusqu’à Jésus pour qu’ils puissent dire avec nous : un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».

L’apôtre Paul nous l’a rappelé : autrefois nous étions ténèbres ; maintenant dans le Seigneur, nous sommes lumière. Pouvons-nous, ce soir, tous ensemble, écouter l’exhortation de l’apôtre : conduisez vous comme des enfants de lumière ?

Ce temps d’accueil de la Parole de Dieu, ce temps de méditation et de prière commune nous pousse à mettre en commun nos petites lumières afin de donner le témoignage de l’unité chrétienne. Dans quelques instants, nous allons symboliquement déposer dans la nuit du ciel nos petites étoiles devant Jésus l’astre d’en haut venu nous visiter (cf. Lc 1, 18). Nous le ferons dans une attitude d’offrande : aucun d’entre nous n’a apporté de l’or, de l’encens ou de la myrrhe, cette résine qui dégage une fumée âcre quand on la brûle mais qui, associée à l’huile, permet de prendre soin des corps avant leur sépulture… nous n’apporterons donc pas d’or, d’encens ou de myrrhe mais nous pouvons nous offrir, offrir nos vies, dans cette prosternation intérieure qu’est l’adoration.

En déposant nos étoiles dans la nuit du ciel et en nous unissant dans l’adoration de Notre-Seigneur Jésus le Christ, nous renouvelons notre engagement à marcher à sa suite, comme disciples… et, … comme missionnaires, nous fortifions notre détermination à proclamer l’Evangile pour que Jésus soit connu, reconnu comme Sauveur et aimé comme Seigneur : n’est-il pas Celui qui donne sens à nos vies ? n’est-il pas Celui qui nous réveille de notre sommeil et qui, Bon Pasteur, nous conduit par le juste chemin ? Une fois que nous l’avons rencontré, ce juste chemin n’est pas celui de la routine ou celui auquel nous aurions pensé… Comme les Mages avertis en songe, nous sommes invités à continuer notre pèlerinage par un autre chemin.

C’est pourquoi, nous prierons pour nous-mêmes, ici à Orange, afin que nous sachions découvrir cet autre chemin par lequel nous pourrons témoigner de Jésus… cela commence par cette prière commune ce soir et se prolonge, le plus souvent possible, par nos paroles respectives, par notre action commune, tout spécialement auprès de pauvres, à travers la Soupe de l’amitié ou d’autres formes d’entraide…

Nous croyons connaître le chemin… mais nous sommes marqués par l’habitude et parfois la routine. Je donnerai ici un témoignage. Fin 2004, j’ai pu aller en Terre Sainte et aller à Bethléem, voir de mes yeux les lieux et les paysages que Jésus a honoré de sa présence de Fils de Dieu fait homme… et tout à la fois purifier et nourrir mon imagination. La purifier en la confrontant au réel des lieux tels qu’ils sont aujourd’hui. La nourrir de ce que j’ai vu pour mieux comprendre et accueillir - par la suite et jusqu’à aujourd’hui – la Parole de Dieu. C’est aussi dans ces lieux qu’apparaît la diversité des traditions chrétiennes, leur opposition humaine, leur souffrance de connaître la division, l’impérieuse nécessité de vivre côte à côte, l’appel à l’unité. La visite de la Basilique de la Nativité, construite au 4^e siècle après Jésus-Christ, révèle tout autant la puissance de l’Evangile diffusé à travers les siècles que la faiblesse des chrétiens, toujours tentés de penser que leur façon de voir est la seule valable. Je suis revenu de Terre Sainte avec une appréciation nouvelle sur ma foi catholique mais aussi avec une ouverture à ce que vivent les autres chrétiens orthodoxes, arméniens, coptes, protestants… et même les catholiques qui se nourrissent d’autres traditions patristiques et liturgiques.

Aujourd’hui, nous nous mettons – ensemble - à l’école de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint pour mieux vivre notre identité chrétienne, pour savoir rattacher nos traditions à la Révélation que Dieu a pris soin de nous communiquer et de nous transmettre au fil des siècles, afin de rendre compte de l’espérance qui est en nous. (Cf. 1 Pierre 3, 16)

Après avoir renouvelé notre regard sur Jésus, Dieu nous invite à chercher et trouver de nouveaux moyens de Le suivre et de L’annoncer. En sortant de notre zone de confort, nous serons surpris, bousculés par l’Esprit Saint… mais nous sommes confiants puisque le Seigneur de nos vies est justement le Chemin, la Vérité et la Vie.

C’est Lui que nous adorons ce soir,

C’est Lui que nous prions et à qui nous confions nos intentions,

les plus douloureuses comme les plus heureuses,

 C’est Lui au nom duquel nous voulons agir

 C’est Lui dont nous voulons porter la lumière

et la placer sur le lampadaire

pour qu’elle éclaire toute la maison.

Cf. Mt 5, 15

 

Père Michel BERGER,
curé de la paroisse catholique d’Orange