Homélie pour la messe d’Adieu d’André ROCHE
8 avril 2021.
André ! Il nous aura étonné jusqu’au bout.
Il vient de nous faire la surprise de partir le matin de Pâques après un lourd chemin de croix qui s’est heureusement fini dans la douceur et la tendresse du personnel des soins palliatifs de l’hôpital de Valréas. Il est parti au moment où les cloches sonnaient la Résurrection.
Nous avons été nombreux à souligner cette heureuse concordance avec l’Evangile et les fêtes pascales. Jésus, en effet, après la croix trop lourde à porter jusqu’au calvaire, s’est éteint, lui aussi, accompagné par la tendresse de Marie, sa mère, de quelques femmes et de saint Jean. Et le matin de Pâques, c’était la résurrection.
Autre surprise : Pour la messe de son départ, André a choisi, dès 2017, des textes qui sont une catéchèse biblique ou, mieux encore, une méditation sur ce qui était sûrement, pour lui, le cœur de sa foi, le socle de sa vie spirituelle.
Le livre de la Sagesse, d’abord.
Un livre très tardif, écrit entre 30 et 50 ans avant J.C. Le dernier livre de l’A.T.
Le 1er verset choisi a tout à fait une résonance pascale : « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable ».
Les versets suivants sont une profession de foi :
- Nous sommes dans la main de Dieu.
- Cette main, c’est la main d’un Dieu qui accorde à chacun « grâce et miséricorde ».
- Ceux qui partent ne sont pas anéantis, ils sont dans la Paix.
Nous sommes encore dans l’A.T. et c’est déjà le message pascal : N’ayez pas peur, ce n’est pas la mort qui dira notre histoire. – La Paix soit avec vous.
André, sans doute déjà fragilisé, peut-être par les prémices de la maladie, se disait et voulait nous dire que, lorsque viendrait le jour de son départ, il serait dans la paix.
Bien sûr, nous sommes, là, dans le langage spirituel et nous savons bien que le croyant n’est pas un homme bardé de certitudes. Le croyant est un marcheur, un chercheur, un petit, un pauvre comme le dit le langage biblique. Le contraire du riche qui sait et qui n’a rien à recevoir de personne.
Le croyant parle comme le psalmiste du psaume 63 qu’André a choisi pour son Adieu aujourd’hui : « Dieu, mon Dieu, je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi ».
Le croyant prie avec les mots de Jésus dans l’évangile de Matthieu que nous venons de lire et qui étaient, sûrement, les mots d’André dans sa prière : « Père, je proclame ta louange. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
Tout cela, me semble-il, fait partie du mystère pascal. Pâques commence dans la nuit qui a déjà perdu puisque le jour se lève.
Pâques, c’est Marie Madeleine complètement « cassée » et pas complètement pourtant puisqu’elle sera la première à voir et à dire « mais le tombeau c’est vide ».
Pâques, c’est Pierre et Jean qui ne trouvent dans le tombeau que les signes de la mort, bien rangés, inutiles, porteurs d’aucun message. Le vivant est en Galilée, là où vivent des gens de tous horizons, aux expériences humaines multiples.
La pleine lumière, on aimerait y être mais on n’y est jamais, c’est un leurre. L’optimisme ne peut naître que dans le brouillard. Il faut la nuit, le brouillard, le tombeau, la peur pour que naissent l’espérance et la paix.
C’est ça, le combat d’un croyant, le même que celui de tout homme en ce monde. Un combat jamais gagné, jamais perdu. C’est ce combat qu’André a mené jusqu’au bout. Il a gagné, c’est sûr.