Il y a cinq ans, le Pape François donnait à l’Eglise et au monde la lettre encyclique Laudato Si. Relisons la ou tout au moins la présentation qui nous a été faite en février 2020 et que l’article ci-dessous résume.
Dans l’entreprise où il travaille, Gonzague Le Bigot a mission de réfléchir et d’aider les collaborateurs à vivre leur mission à la lumière de l’enseignement social de l’Eglise : en effet, au-delà de l’objectif purement économique, toute entreprise a un rôle social, sociétal, environnemental, pour le bien commun. Une entreprise peut et doit aussi favoriser une économie soucieuse du bien commun, respectueuse de l’homme et de la planète et qui sache faire place à des relations solidaires et équitables empreintes de gratuité.
Les premiers mots de l’encyclique du pape François Laudato Si donnent le ton : Loué sois-tu, Seigneur ! Gratitude et louange. Très lucide sur ce qui se passe dans notre maison (chapitre 1), le Pape François s’adresse - dans l’espérance - à chaque personne qui habite cette planète pour la rejoindre sur le thème de la sauvegarde de la maison commune. Dans la continuité de ses prédécesseurs, le pape François apporte sa contribution à la question écologique en dépassant la seule connotation environnementale par un regard large, global et intégral qui embrasse aussi la question sociale. Par exemple, Laudato Si parle beaucoup du pauvre et des pauvres (thème cité 61 fois !). En effet, il existe une intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète. LS n°16
le mot écologie vient du grec :
- oikos : maison, domaine, maisonnée et donc ceux qui l’habitent.
- logos : parole, discours, explication.
L’écologie c’est la réflexion sur la maison commune et donc l’environnement et ceux qui l’habitent. Le mot économie a la même racine : oikos. Le mot nomos évoque la mesure, la gestion. La gestion de la maison. Ecologie et économie devraient donc faire bon ménage !
Pour les sciences, le premier à utiliser le mot écologie est Ernst Haeckl (1834 - 1919) dans son livre Morphologie générale des organismes (1866). Il définit l’écologie comme la science qui étudie la relation des êtres vivants entre eux et avec leur milieu. L’écologie étudie les conditions de l’existence de la vie. Soulignons le mot relation qui indique l’interdépendance : aucun être ne peut exister seul ! Rappelons-nous aussi la parole de Jésus : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. De son côté, le pape François donne comme définition de l’écologie : L’écologie étudie les relations entre les organismes vivants et l’environnement où ceux-ci se développent. LS n°138
Avec qui - nous les hommes - sommes-nous en relation ? Remarquons que le seul être vivant capable de se poser cette question est l’homme parce que c’est le seul qui est capable d’abîmer ces relations ! Quelles sont donc les relations (Cf. LS n° 65) qui nous sont nécessaires ?
- les relations avec les autres : les membres de ma famille, les habitants de ma ville, les membres de ma paroisse, les collaborateurs de mon entreprise. Sans relation avec d’autres humains, on ne peut pas vivre.
- la relation à soi-même (cf. LS 155)
- la relation à la nature : par exemple, je suis en interaction permanente avec l’air, l’eau, la nourriture…
- la relation à Dieu : sans moi, vous ne pouvez rien faire. Jn 15 Combien de temps puis-je vivre sans Dieu ?
« La relation avec Dieu est assurément une chose profondément personnelle et la personne est un être en relation, et si la relation fondamentale - la relation avec Dieu - n’est pas vivante, n’est pas vécue, toutes les autres relations ne peuvent pas non plus trouver leur juste forme. Cela vaut également pour la société, pour l’humanité en tant que telle. Ici aussi, si Dieu manque, si l’on fait abstraction de Dieu, si Dieu est absent, il manque la boussole pour indiquer l’ensemble de toutes les relations pour trouver la route, l’orientation pour savoir où aller. » Benoit XVI 24 juillet 2009
Nous pouvons récapituler ces quatre relations (à Dieu, à moi, aux autres, à la création) par la forme du tétraèdre (cf. illustration) où chaque sommet est en relation avec les trois autres. L’écologie sera dite intégrale quand elle embrasse la totalité de ces relations.
Il convient donc de ne pas se contenter d’écologie scientifique et de la seule question environnementale, celle qui aborde les écosystèmes et l’influence que les hommes ont sur eux (exemple des pesticides conduisant au printemps silencieux parce qu’il n’y a plus d’oiseaux pour le chanter). Il importe donc d’y associer la question éthique qui reconnaît l’impact de l’agir de l’homme négatif ou positif. Cela a conduit à une écologie politique et même sociale… d’autres plaident pour l’écologie humaine… aboutissant à une multiplicité de courants écologiques qui parfois se contredisent. C’est dans ce contexte que le pape François a écrit l’encyclique Laudato Si qui récapitule tous ces courants et les unifie.
A l’image des personnes de la Trinité qui sont interdépendantes dans leurs relations, l’homme est appelé à s’inscrire dans le cosmos et à goûter les relations d’interdépendance qu’il a avec Dieu et avec tout être créé qui a une valeur intrinsèque. Plus qu’une valeur, l’homme possède une dignité particulière parce qu’il est le seul être voulu par Dieu pour lui-même, à l’image et à la ressemblance de Dieu. Toute être créé est appelé à louer le Seigneur par son être et sa beauté mais l’homme est appelé à le faire librement. Il peut être tenté de dire le bien et le mal à la place de Dieu, notamment dans la relation avec les autres êtres créés. La mission de l’homme est de tenir l’équilibre dans lequel il a été créé. Il le fait ‘en prenant soin’ (expression récurrente dans l’encyclique). L’écologie est intégrale quand elle embrasse l’ensemble des relations de l’homme.
L’encyclique Laudato Si est aussi un chemin de conversion. On peut la lire en y retrouvant les étapes du sacrement de réconciliation :
le premier chapitre regarde ce qui se passe dans notre maison comme je peux regarder l’état de ma vie pour préparer ma confession.
Mais ce qui est important dans ma démarche, c’est la miséricorde annoncée par l’Evangile. De même, pour l’écologie, il est indispensable d’accueillir l’Evangile de la Création (chapitre 2)
Au chapitre 3, la racine humaine de la crise écologique correspond à l’aveu de mes péchés.
Au chapitre 4, l’écologie intégrale est proposé comme un chemin de conversion comme le fait le prêtre quand il m’exhorte – avec la grâce du sacrement - à changer ma façon de vivre.
Le prêtre me donne aussi une pénitence à faire pour réparer le mal commis. Le cinquième chapitre présente quelques lignes d’orientation et d’action. A noter que dans ce chapitre tous les paragraphes incluent le mot dialogue qui favorise l’interdépendance.
Pour durer et me maintenir dans la grâce, après ma confession, il est indispensable que je me donne les moyens de la fidélité. Au chapitre 6, en abordant l’éducation et la spiritualité écologiques, le pape propose des choses très concrètes pour durer !
Soulignons que la conversion personnelle est impossible à faire seul puisque nous sommes interaction. Il est donc nécessaire de la vivre en communauté !
En conclusion, quelques idées :
– il s’agit d’un nouveau style de vie : à l’image de la conversion en ski, il s’agit de s’arrêter, de réaliser que je ne suis dans la mauvaise direction… décider d’en changer pour continuer à descendre la même pente, celle de la vie.
– prendre du temps pour me poser et contempler la Création
– m’interroger sur ma façon de consommer : plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. LS 204. Se poser la question du ‘juste nécessaire’.
– l’importance de la famille : Dans la famille, on cultive les premiers réflexes d’amour et de préservation de la vie, comme par exemple l’utilisation correcte des choses, l’ordre et la propreté, le respect pour l’écosystème local et la protection de tous les êtres créés. La famille est le lieu de la formation intégrale, où se déroulent les différents aspects, intimement reliés entre eux, de la maturation personnelle. LS 213
– la petite voie de l’écologie : éviter l’usage de matière plastique et de papier, réduire la consommation d’eau, trier les déchets, cuisiner seulement ce que l’on pourra raisonnablement manger, traiter avec attention les autres êtres vivants, utiliser les transports publics ou partager le même véhicule entre plusieurs personnes, planter des arbres, éteindre les lumières inutiles. Tout cela fait partie d’une créativité généreuse et digne, qui révèle le meilleur de l’être humain. Le fait de réutiliser quelque chose au lieu de le jeter rapidement, parce qu’on est animé par de profondes motivations, peut être un acte d’amour exprimant notre dignité. LS 211
Cette petite voie rappelle la petite voie de Sainte Thérèse citée peu après : L’exemple de sainte Thérèse de Lisieux nous invite à pratiquer la petite voie de l’amour, à ne pas perdre l’occasion d’un mot aimable, d’un sourire, de n’importe quel petit geste qui sème paix et amitié. Une écologie intégrale est aussi faite de simples gestes quotidiens par lesquels nous rompons la logique de la violence, de l’exploitation, de l’égoïsme. En attendant, le monde de la consommation exacerbée est en même temps le monde du mauvais traitement de la vie sous toutes ses formes. LS 230
Si nous voulons aimer, suivons les propositions du pape François sur l’écologie !
Gonzague Le Bigot
Le jeudi 13 février, lors du repas partagé au cours duquel 14 participants ont échangé sur le thème de l’écologie intégrale, il a été décidé de
- former un groupe de lecture de l’encyclique Laudato Si : la première rencontre aura lieu le jeudi 5 mars à 20h00 au presbytère d’Orange.
- vivre une journée paroissiale ’Dimanche de la Création’ le dimanche 4 octobre 2020, jour de la fête de Saint François d’Assise comme cela est prévu au n°12 du projet pastoral paroissial