Homélie du 2 août 2024 pour la messe en l’honneur du Sacré-Cœur
et en réparation pour les dégradations
commises le 17 juillet 2024 à l’église St Florent d’Orange

Pour cette messe en l’honneur de Jésus contemplé dans le mystère de son Sacré-Cœur, nous pouvions choisir la parabole de la brebis perdue. Elle nous permet de regarder ce que nous avons vécu ces dernières semaines dans nos églises et ce que nous avons à vivre aujourd’hui du point de vue de Dieu plus que de notre point de vue.
Avec sollicitude, avec une inlassable attention, Dieu cherche l’homme, l’appelle et attend une réponse de sa part : appel du regard… appel du Cœur… appel de la voix… « Venez à moi ». Mt 11, 28

… en toute liberté… ce don que Dieu a fait à l’homme avec cette conséquence, soulignée par Saint Augustin : « Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi (St Augustin sermon 169,13)

En ne nous imposant pas le salut mais en attendant que nous l’acceptions volontairement par l’accueil de son amour, Dieu – et donc Jésus, notre Sauveur -, prend le risque et assume le fait que nous répondions ou… que nous ne répondions pas.

Constatant que c’est bien souvent le cas, Dieu – et donc Jésus, notre Sauveur, s’en plaignent et ils le disent :

• Dieu par le prophète Michée 6, 3 Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je fatigué ? Réponds-moi.
• Jésus dans l’Evangile selon Saint Jean 5, 39 – 40 : les Écritures me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

Jésus veut communiquer, donner, engendrer la vie. Il l’a en Lui-même. Il est la Vie. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. Jn 10, 10

Je suis venu, je vous appelle et vous ne voulez pas !

Mt 23, 37 Jérusalem, Jérusalem, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu !

« Vous ne voulez pas… » une des phrases les plus découragées de l’évangile : Jésus y révèle sa sollicitude impuissante ! son amour est toujours offert ! mais la brebis perdue refuse parfois de se laisser prendre sur ses épaules ou bien, à peine a-t-elle été ramenée au bercail qu’elle le quitte.

Bien sûr, il y a plusieurs degrés à ce « vous ne voulez pas ».
Il y a l’indifférence… le silence… la non réponse. L’indifférence est peut être la situation de ceux qui ne connaissent pas Jésus : ils n’ont pas entendu sa voix ; ils ne peuvent donc pas lui répondre. Prions et agissons pour rejoindre ces hommes et ces femmes de notre temps et leur faire entendre la Parole du Seigneur.

Il y a la non réponse mais il y a surtout la réponse négative, un refus net et catégorique, souvent le fruit de la présence et de l’action de l’adversaire, l’ennemi semeur de zizanie. Il ne se contente pas de séduire l’homme pour le conduire au « non » mais le pousse aussi à des actions malveillantes ou malignes. Combien de fois Jésus n’a-t-il pas été navré de l’endurcissement du cœur de ses auditeurs ? Combien de fois n’a-t-il pas dû leur échapper avec astuce jusqu’au jour où, entré librement dans sa Passion, il se laisse faire en offrant sa vie pour le salut de ses persécuteurs ?

Le soir du jeudi saint, dans et par son Eucharistie, Jésus s’est rendu vulnérable ; il s’expose à l’adoration de l’homme tout autant qu’à ses outrages. Il s’offre à l’amour de reconnaissance de la part de l’homme aussi bien qu’à sa haine, son désarroi et même sa colère. Et cela s’étend aux images et aux statues qui sont dans nos lieux de culte comme nous l’avons constaté.

Quel que soit le degré dans cette mauvaise volonté, qu’il s’agisse d’indifférence, de mépris, d’outrage, de sacrilège intentionnel, nous venons faire réparation.

Mais de quoi s’agit-il ? Que voulons-nous dire par réparation ?
Oui, il faudra bien réparer les objets la croix et la statue… mais ce n’est pas le plus difficile et ce n’est pas le plus important. Réparer, c’est donner réponse à Dieu et dire à Jésus : « tu m’as appelé ! Me voici. Tu m’aimes ! J’accueille ton amour. Je me laisse saisir et placer sur tes épaules pour être conduit par toi jusqu’au bercail. Pardonne-moi mon indifférence, mes distractions, ma tiédeur. Je ne veux plus danser d’un pied sur l’autre, être chrétien de manière intermittente ou partielle, je veux te répondre fidèlement pour m’attacher à l’intégralité de l’évangile pour être ton disciple jour et nuit. »

La réparation n’est pas quantitative… elle est qualitative… relationnelle… pour l’honneur de notre Dieu.

• A l’ingratitude, je réponds par des actes de gratitude et d’adoration, acte intérieur ;
• à l’indifférence, je réponds par une attention renouvelée à l’action de l’Esprit Saint ;
• à la tiédeur et aux accommodements, je réponds par la ferveur et le courage

sûr et certain dans la foi que Dieu n’échoue pas.

Dieu ne connaît pas l’échec car Jésus est déjà vainqueur de tout mal. C’est donc aux réparations, louanges et satisfactions de son Cœur que nous nous unissons aujourd’hui et chaque jour de notre vie.

Acte de réparation

« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’Il n’a rien épargné pour leur témoigner son amour ; et au lieu de reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, de l’indifférence et même du mépris dans ce sacrement d’amour (il s’agit du saint Sacrement qui était alors exposé) ».

Jésus à sainte Marguerite Marie, le 18 juin 1675

 

Seigneur Jésus, tu as choisi sainte Marguerite-Marie
pour rappeler au monde l’amour qui brûle ton Cœur
et qui a soif de se répandre pour nous donner la vie.

Nous voulons aujourd’hui accueillir ton amour et y répondre librement.

À l’heure de ta mort, sous le coup de la lance, de ton Cœur transpercé,
l’eau et le sang ont jailli, pour attirer tous les hommes à toi
et leur permettre de puiser avec joie aux sources de la vie.

Nous renouvelons l’engagement de notre baptême :
nous abreuver fidèlement à cette source et y puiser avec confiance.
Dans le sacrement de la confession, nous trouvons et trouverons le pardon de nos péchés
Dans le sacrement de l’Eucharistie, nous trouvons et trouverons force et vigueur.
Dans la grâce du sacrement du mariage, nous trouvons la grâce et la vérité de l’amour humain s’exprimant à l’image de ton Amour,
Par la grâce du sacrement de l’ordre, tes prêtres te servent et servent ton Eglise avec autorité dans la solidité de la foi et le discernement.

Seigneur Jésus, nous te confions notre paroisse, nos familles et chacun de nous.
Que ton amour descende dans les cœurs et y renouvelle la ferveur de la charité.

Nous voulons vivre de toi et pour toi et devenir, au cœur de notre monde, les témoins résolus de la puissance de ton amour.

Divin Cœur de Jésus, humblement prosternés devant toi, exposé à notre adoration,
nous nous consacrons à toi avec le désir de répondre par un plus grand amour à toutes les blessures que le monde te cause.

Plus l’incroyance se répandra,
plus nous mettrons notre confiance dans ton divin Cœur, unique espérance des hommes.

Plus les cœurs résisteront à ton amour,
plus nous t’aimerons, Cœur de Jésus, source de toute consolation.

Plus tes sacrements seront délaissés,
plus nous les recevrons avec amour et respect, Cœur de Jésus, source de vie et de sainteté.

Plus l’orgueil et la sensualité se montreront au grand jour pour nous y attirer,
plus nous puiserons dans ton Cœur la source de l’amour véritable et de l’humilité.

Plus le démon s’acharnera contre notre vie de prière et la chasteté de notre état de vie,
plus nous puiserons en ton cœur la source de la pureté.

Plus la vie sera attaquée dans la personne de nos frères les plus faibles, au début de la vie, dans la maladie ou le handicap, plus nous puiserons en ton Cœur la force dans notre faiblesse.

Que nos esprits et nos intelligences se convertissent sans cesse à ton Evangile,
que nous demeurions fermes dans la foi en ton amour,
que nous puisions dans ta Parole et dans ton Eucharistie,
l’amour de Dieu et du prochain.

Que ton amour vienne en nos volontés : que nous te suivions, dociles à ton Esprit,
dans la mission que tu as confiée à ton Eglise et à laquelle tu nous appelles.

Seigneur Jésus, que ton Amour inspire nos actions spirituelles et temporelles,
qu’Il habite nos joies et nos croix.

Daigne la Vierge Marie, ta Mère au Cœur immaculé,
daigne le fidèle saint Joseph,
qui vécurent avec toi dans la sainte famille de Nazareth,
te présenter cet acte de réparation et nous y maintenir tous les jours de notre vie.

Amen.