A l’annonce de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ, nous nous sommes mis à genoux quelques instants pour réaliser ce qu’il s’est passé : un Innocent, le Saint de Dieu, le Fils de Dieu qui s’est fait l’un de nous a été condamné, torturé et mis à mort.
Que toute notre assemblée se taise et rejoigne le silence de la terre entière face à ce drame.
Nous nous sommes mis à genoux quelques instants comme nous le faisons au début de chaque station du Chemin de Croix après avoir énoncé les étapes de la violence que subit Jésus en lui disant : « Nous t’adorons, ô Christ, et nous Te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix. »
Nous avons fléchi les genoux, comme nous le faisons - tout en traçant sur nous le signe de la croix quand nous entrons dans une église - afin d’honorer la présence de Jésus au tabernacle : il y demeure, en effet, d’une messe à l’autre, dans les hosties consacrées conservées au tabernacle et sa présence nous est signalée par la lampe du sanctuaire, de couleur rouge.
Nous avons entendu l’annonce de la Mort du Christ et nous nous sommes mis à genoux pour nous laisser toucher par cette triste nouvelle avant de nous relever car c’est une Bonne Nouvelle, la Bonne Nouvelle qu’est l’Evangile. En effet, nous avons entendu la prière de Jésus au jardin des oliviers : « Père, s’il est possible que cette coupe s’éloigne de moi, mais non… pas ma volonté… mais que ta volonté soit faite. »
- Par ses souffrances offertes dans l’obéissance à Dieu son Père et notre Père,
– par sa défiguration suivie de sa glorification,
– par l’abaissement de sa Mort et par le relèvement de sa Résurrection,
Jésus nous sauve de la mort, conséquence et salaire du péché,
– ce péché qui est entré dans le monde par la jalousie du diable,
– ce péché originel qui a marqué toute l’humanité et qui se déploie dans chacune de nos vies quand nous devenons complices des ténèbres et même acteurs du mal.
Jésus, le Saint de Dieu, le Fils de Dieu,
ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Il s’est fait l’un de nous. Il a embrassé pleinement notre condition humaine : il a connu les limites de notre corps, il a fait l’expérience de nos émotions, il a partagé nos joies, nos tristesses ; il s’est émerveillé devant la beauté des lys des champs et a connu le dégout de la vie quand il dit : « mon âme est triste jusqu’à la mort. » Jésus ne s’est pas contenté de devenir semblable à nous. Il a voulu aller plus loin et s’abaisser encore en embrassant notre mort.
Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
Ainsi, Jésus, de noble condition, a accepté de se salir pour nous et de souffrir la mort la plus ignoble.
Ainsi, Jésus Innocent, a accepté d’être condamné par l’injustice des hommes.
Lui qui, chaque jour de la Semaine qui a suivi l’entrée triomphale à Jérusalem que nous célébrons en ce jour des Rameaux…
Lui qui chaque jour était auprès des siens dans le Temple, en train d’enseigner, avait déclaré la vérité et annoncé l’ordre des choses, telle que Dieu la veut.
Jésus avait fait taire ses ennemis, il avait réduit au silence ses détracteurs et tous ceux qui voyaient en lui un rival potentiel, une menace à leur pouvoir religieux ou à leur pouvoir politique. Et bien qu’ils eussent résolu, dès le début de son ministère en Galilée, de le perdre, ils n’avaient encore jamais pu se saisir de lui.
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple et vous ne m’avez pas arrêté.
En écoutant le fil des évènements de la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ, nous avons entendu la violence faite à l’Innocent. Mais Lui, quand il sait qu’il sera écouté, il prend la parole. Et quand cela est inutile, Jésus se tait.
Jésus subit l’injustice de la condamnation, il subit la torture de son corps, ce corps qu’il offre à Dieu son Père pour notre salut et qu’Il nous demande de recevoir en médicament pour la guérison de la violence qui nous habite : « Prenez, ceci est mon corps. »
Jésus est fouetté jusqu’au sang, sa vie est atteinte… sa vie est donnée et ce sang s’écoule pour notre salut, comme une source régénérante : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. »
La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ est une bonne nouvelle. Par cette douloureuse Passion et par la grande miséricorde de Dieu notre Père, nous sommes sauvés de la mort éternelle et notre vie est affranchie de la violence qui pollue et défigure le monde.
Parce qu’Il est l’Innocent, la mort ne pouvait pas garder Jésus dans son filet. Mis au tombeau après sa crucifixion, la mort ne pouvait le conserver en son pouvoir.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers.
Frères et sœurs, nous ne voulons pas nous contenter du geste, nous voulons y associer une parole, celle de notre réponse à tant d’amour manifesté pour notre salut :
que toute langue proclame donc : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. »
Comme tout l’Evangile, la lecture de la Passion est une Bonne Nouvelle. Ne restons pas insensibles ! Donnons une réponse ! Suivons, nous aussi, Jésus sur ce chemin qui conduit à la vie et même à la gloire !
Il nous faut lâcher quelque chose. J’ai souligné que l’histoire de la Passion nous est présentée comme un fil de violence ; à bien y regarder, tout l’évangile et tout particulièrement celui de St Marc que nous entendons cette année chaque dimanche, tout l’évangile est un fil de violence, la violence de ceux qui refusent l’amour de Dieu qui leur est pourtant offert. Ce fil de violence fait écho à ce que nous vivons, à ce que vivent les hommes et les femmes de ce temps, à ce que nous voyons autour de nous, cette violence que nous subissons ou que nous commettons, même si elle nous semble petite.
Dans le fil des actualités, cette violence finit par nous droguer. Entendre chaque jour des mauvaises nouvelles nous inquiète et nous pousse à nous précipiter chaque matin, chaque soir, et peut-être plus, tout au long de la journée, vers ces écrans qui déploient sous nos yeux la misère et la malice des hommes. N’en sommes-nous pas fascinés ?
Il nous semble qu’en sachant, nous maîtrisons ces évènements…
ou que tout au moins, nous pourrons éviter qu’ils nous atteignent.
Nous nous accrochons alors à ce fil des actualités…
Pourrions-nous le lâcher, nous dessaisir de cette violence ? Nous ne craignons rien !
Si nous tombons, nous sommes recueillis par la main de Dieu, par les mains de Jésus, transpercés par les clous de cette violence dont il est vainqueur par son amour.
Cette main est pour nous une assise, puis une pierre de fondation sur laquelle nous pouvons, nous aussi, nous relever et, enfin debout, construire solide et durable, sans la violence du mal et du péché, dans la liberté des enfants de Dieu.
Aujourd’hui, choisissons de couper ce fil de la violence qui nous retient ou qui nous habite ; abandonnons nos fausses sécurités pour nous en remettre à Jésus, notre Sauveur.
- Si tu es la femme au flacon d’albâtre, ne crains pas de verser le parfum de tes bonnes actions, celles de ton quotidien, sur la tête de Jésus que tu rencontres dans la prière et dans les frères au service desquels tu te tiens.
- Si tu es l’homme portant une cruche d’eau, va à la rencontre des disciples qui cherchent un endroit où s’asseoir – avec Jésus – pour célébrer la Pâque, sois accueillant par ton hospitalité ;
- Si tu es Pierre, Jacques ou Jean, entends l’appel de Jésus à veiller et à prier pour ne pas entrer en tentation. Que ta prière s’unisse à celle de Jésus et qu’elle s’ouvre aux besoins du monde qui attend d’être délivré de la violence.
- Ne sois pas un Judas qui trahit et ferme, définitivement, son cœur à la grâce !
- Si tu es Simon Pierre et qu’il t’est arrivé de renier ton Maître, reconnais-le humblement, confesse-le simplement et pleure ton péché amèrement. La miséricorde de Jésus te guérira de la présomption.
- Ne sois pas un Pilate qui biaise et condamne lâchement l’Innocent parce qu’il n’a pas voulu exercer pleinement l’autorité qui lui a été confiée d’en haut.
- Si tu es Barrabas et que tu bénéficies d’une libération inespérée, sois vraiment ce que ton nom signifie : le fils du Père.
- Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis Jésus.
- Si tu es le centurion, proclame que vraiment cet homme qui donne sa vie pour toi est le Fils de Dieu.
- Si tu es Joseph d’Arimathie, réclame le corps de Jésus à celui qui l’a condamné ; que ton souci soit le rachat du monde.
- Si tu es Marie Madeleine ou Marie, mère de José, observe l’endroit où on l’a mis, en restant dans l’espérance et en continuant à prier, à genoux, tout au long de cette semaine, en disant :
« Père Éternel, je vous offre le corps et le sang, l’âme et la divinité de votre Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, en réparation de tous nos péchés et de ceux du monde entier. »