Nous fêtons Saint Michel archange en ayant sous les yeux une statue le représentant de manière bien humaine ! Et cela peut susciter des questions !
Nous n’avons pas de difficulté à représenter Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui s’est fait homme et les saints qui sont les hommes et les femmes morts dans l’amitié de Dieu.
Mais nous pouvons être perplexes, c’est-à-dire surpris de voir représentés les anges ou même Dieu… En effet, ils n’ont pas de corps et il n’y a donc rien en eux qui soit visible.
Nous sommes bien d’accord pour dire que c’est pour notre commodité que nous représentons Dieu le Père sous les traits d’un homme suffisamment âgé pour être père ou Dieu le Saint Esprit sous la forme d’une colombe ou de langues de feu. De même pour les anges, c’est par facilité que nous les représentons comme des jeunes hommes… c’est ainsi qu’ils se manifestent souvent dans l’Ancien Testament… pour apporter aux hommes les messages de Dieu.
Nous avons sous les yeux la statue de Saint Michel archange et je voudrais expliquer pourquoi il est représenté avec
- des ailes
- l’épée et avec le dragon dont il est victorieux en plaçant son pied sur la tête
- la balance
Les ailes
Il existe bien des anges !
Je crois en Dieu Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible.
Ainsi, de tout ce que Dieu a créé, il y a une partie visible : tout ce qui est matériel, les éléments chimiques qui forment les minéraux, les plantes, les animaux et jusqu’à l’homme qui est corps et âme.
Mais, de tout ce que Dieu a créé, il y a aussi une partie invisible et ce sont les anges, être spirituels, qui ont intelligence et volonté, qui ont une personnalité et qui sont immortels. Cela nous est connu par l’Ecriture Sainte, la Bible, qui indiquent que les anges sont là, dès la Création et tout au long de l’histoire du salut… dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament. Parmi eux, nous connaissons bien l’archange Gabriel, l’ange de l’Annonce faite à Marie qu’elle serait la Mère du Sauveur.
On représente les anges avec des ailes pour indiquer qu’ils se portent instantanément où va leur pensée. Ils ne sont pas alourdis par un corps. Ils peuvent donc être et agir là où va leur pensée.
L’épée et le dragon
Doués d’intelligence et de volonté, les anges ont, tout comme nous, une liberté. Comme nous, ils peuvent choisir Dieu ou le refuser. Ils peuvent choisir de l’aimer et de Le servir dans l’adoration ou de se déclarer autonomes et indépendants, se coupant ainsi de Dieu, source de toute vie et de toute lumière… et c’est ainsi que certains anges se sont retrouvés définitivement dans les ténèbres… et jaloux des anges restés fidèles et de nous les hommes qui pouvons encore choisir d’aimer et de servir Dieu.
C’est ainsi que, comme nous l’avons entendu dans la 2e lecture qu’ il y eut un combat dans le ciel Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux, désormais, plus de place dans le ciel.
Le texte biblique de l’Apocalypse ne dit pas comment Saint Michel et ses anges eurent le dessus. Mais notre culture biblique nous conduit à penser que c’est par le glaive (l’épée) de sa parole (cf. Ephésiens 6, 17) qu’il a été vainqueur : « mais, qui est comme Dieu ? » En hébreu, cette phrase se dit « Micha-el » c’est à dire Michel en français. « Qui est semblable à Dieu ? Qui est à sa hauteur ? » Restons humblement à son service.
Le Dragon fut alors jeté sur la terre, avec ses anges… et jaloux de nous les hommes qui pouvons encore choisir d’aimer et de servir Dieu, ils cherchent à nous empêcher d’entrer et de demeurer dans l’amitié de Dieu, amitié et alliance qui sont le fruit de la victoire de Jésus, notre Seigneur.
Ainsi, rappelons-nous notre profession de foi :
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu qui pour nous les hommes, et pour notre salut, s’est fait homme.Je crois en Jésus qui, pour nous, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli et qui, pour nous, le troisième jour est ressuscité des morts.
Pour nous, au désert, Jésus a été vainqueur de toute tentation et l’évangile souligne que les anges le servaient. Pour nous, Jésus a embrassé la mort qui semblait être la victoire de celui qu’on nomme Diable et Satan. Pour nous, par sa Résurrection, Jésus a détruit la mort.
Victorieux dans le ciel, Saint Michel et ses anges ne restent pas sans rien faire sur la terre. Ils continuent de servir en s’associant à l’œuvre de notre salut. Ils sont à nos côtés pour nous protéger, pour nous conseiller, pour nous éclairer. Avec eux, dans la foi nous pouvons chanter ce cantique :
« Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu,
voici le pouvoir de son Christ ! »
Nous sommes certains qu’ il est rejeté celui qui nous accuse, jour et nuit, devant notre Dieu.
Alors que nous sommes pèlerins sur la route de notre vie, route sur laquelle nous avançons lentement, jour après jour, heure par heure, nous savons que nous sommes fragiles, que nous pouvons tomber… mais aussi qu’avec le pardon et la miséricorde de Dieu, nous pouvons nous relever.
Pour marcher jusqu’au bout de notre vie et atteindre victorieux la ligne d’arrivée, nous avons deux moyens :
- le sang de l’Agneau, c’est-à-dire l’amour de Jésus qui a donné sa vie pour nous et qui nous la donne encore quand nous communions en recevant l’Hostie en communion, l’Hostie qui est son Corps, son Sang, son âme et sa divinité, l’Hostie qu’Il est lui-même qui vient nous visiter et régner dans notre vie.
- sa parole, cette parole qui est la lampe qui brille et éclaire notre conscience, fortifie notre volonté et nous donne à comprendre que c’est par l’humilité et par la foi que nous sommes, avec Jésus, les grands vainqueurs.
Ainsi, nous nous appliquons à nous laisser aimer par Jésus, à accueillir sa lumière, à nous laisser purifier, par la confession de nos fautes, par le sang de cet Agneau innocent qui a pris sur lui nos péchés.
Par leur présence et leur protection, par leur action, Saint Michel et les anges nous aident dans ce choix de vie, de lumière, de vérité et de bonté. Ils ne font pas les choix à notre place… mais ils combattent à nos côtés pour accueillir sans cesse et toujours notre vie des mains de Dieu, respecter l’ordre donné et montré par Dieu, écouter sa parole et observer ses commandements…
La balance
La balance évoque la pesée, la justice et le jugement.
Au sujet de la pesée
« Que Dieu me pèse dans des balances justes » (Job 31,6).
« Thecel : vous avez été pesé dans la balance et l’on vous a trouvé trop léger » (Daniel 5,27).
Je crois en Jésus-Christ monté au ciel, assis à la droite du Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts.
L’Eglise a précisé qu’il y a
- le jugement particulier, au moment de notre mort, quand nous avons rendu notre dernier souffle à Dieu et que nous paraissons devant Lui pour un dialogue de vérité et d’amour où sera révélé que chacune de nos pensées, de nos paroles de nos actions a une valeur aux yeux de Dieu quand elles sont belles et bonnes ou qu’elles l’offensent… et lui déplaisent quand elles sont mauvaises ou perverses, oui chacune de nos pensées, de nos paroles de nos actions a une valeur d’éternité…
- et le jugement général, celui qu’on appelle le Jugement dernier parce qu’il arrive à la fin des temps.
Jésus est le seul juste juge… mais au fil des siècles, la tradition catholique a comme délégué le jugement à l’archange Saint Michel. On le voit ainsi tenir la balance que lui a confiée Jésus représenté dans sa majesté avec les insignes de son pouvoir royal.
Le combat d’aujourd’hui prépare notre victoire pour la vie éternelle qui est d’avoir part à la gloire de Jésus. Les choix d’aujourd’hui préparent notre participation à la victoire de Dieu.
Prions donc Saint Michel, archange,
- témoin de la vérité, soldat de Dieu
- et son assistant au jour de notre jugement.
A la fin de la messe, après nous être arrêtés dans l’église, nous nous remettons en chemin. Ce n’est pas toujours une procession... mais c’est toujours avec la prière et la demande que nous puissions, à l’exemple des anges, fidèles jusqu’à notre mort, c’est-à-dire jusqu’à notre entrée dans la Vie en plénitude.
Père Michel BERGER