D’une autre manière (2/3)

8 mai 2020

Pendant de nombreux siècles, notre pratique religieuse catholique nous a habitués à identifier notre communauté religieuse à la (plus ou moins) grande assemblée se retrouvant le dimanche dans nos églises. Et voilà que le confinement nous bouscule dans sa (longue) durée ! Après plusieurs dimanches sans rassemblement, nous nous posons une question : n’y aurait-il pas d’autres formats communautaires nous permettant de continuer - avec nos frères – notre chemin de foi à la suite du Seigneur Jésus ressuscité ?

Avez-vous entendu parler de l’oïkos ?

1. Mais tout d’abord, que signifie le mot grec oïkos ?

Le mot oïkos en grec ancien signifie « maison » ou « maisonnée ». En Grèce antique chaque personne était rattachée à un oïkos, un ensemble de biens et d’hommes rattachés à un même lieu d’habitation et de production, une « maisonnée ». Il s’agit à la fois d’une unité familiale élargie – des parents aux esclaves – et d’une unité de production agricole ou artisanale.

Nous retrouvons le mot oïkos dans le mot économie qui est la mesure et la bonne gestion de la maison. De même, pour l’écologie qui est la parole et la compréhension de notre maison commune qu’est notre planète la terre.

2. Est-ce qu’on trouve ce terme dans la Bible ?

Dans le Nouveau Testament ce terme apparaît souvent dans le contexte de partage de grâces reçues dans la rencontre avec le Christ ou un apôtre. Par exemple Jésus dit à Zachée, chef des publicains : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison (oïkos) » (Lc 19,9). Lorsque Jésus guérit le fils d’un fonctionnaire royal nous apprenons qu’il crut, avec tous les gens de sa maison (oïkos) (Jn 4,53). Le centurion Corneille reçoit l’Esprit Saint avec tous les gens de sa maison (oïkos) (Ac 10)

3. Quel est le rôle de l’oïkos dans l’évangélisation des premiers siècles ?

Pendant les trois premiers siècles, il n’y avait pas d’églises (bâtiments). C’est donc la maison « élargie » qui était le lieu unique de la vie chrétienne et de la transmission de la foi. Si, comme l’atteste la Bible, « le nombre des disciples se multipliait fortement » (Ac 6, 7) et cela malgré les persécutions, c’est parce que les premiers chrétiens exploitaient efficacement la seule « méthode » d’annonce et de partage de foi que le pouvoir en place n’avait pas le moyen d’interdire : c’était l’utilisation des relations déjà existantes avec leurs proches, amis et connaissances.

Y a-t-il un rapport entre le mot oïkos et le mot paroisse ?

Oui. Le préfixe grec par(a) indique près de… le paroïkos est donc celui qui est proche de la maisonnée, le voisin, l’invité, mais aussi l’étranger intégré. La paroisse est donc la maisonnée de ceux qui, professant la même foi sont ’en résidence en pays étranger’, cette terre, en attendant d’entrer définitivement dans la Terre qui leur a été promise : le Ciel et la vie éternelle !

Au cours de ses voyages missionnaires, Paul implante et visite ces premières communautés hébergées dans des maisons mais ouvertes à ceux qui, par la prédication, embrassaient la foi au Christ, quelle que soit leur condition : il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. Gal 3, 28.
Dans son itinérance, Saint Paul implante ainsi des pôles missionnaires stables et centraux, là où se trouvent déjà des centres administratifs et judiciaires de l’Empire romain, là où les administrés devaient se déplacer régulièrement : Antioche capitale de Syrie, Salamine capitale de Chypre, Thessalonique capitale de Macédoine, Corinthe capitale de l’Achaïe et Ephèse capitale d’Asie. Antioche de Pisidie et Philippe quant à elles, étaient des carrefours routiers, des noeuds de communication qui facilitaient la transmission des nouvelles et l’échange des correspondances.

Revenons à Orange ! Est-ce que chacune de nos maisons, de nos maisonnées, c’est-à-dire de nos familles se considère comme un lieu de vie chrétienne et de transmission de la foi ? Comment pourraient-elles l’être de nouveau ? avec plus de vigueur, avec plus d’ardeur… ? Quel accueil possible pour nos voisins, ceux qui sont déjà attachés à Jésus, ceux qui commencent à le connaître et ceux qui ont soif de le connaître ? Que devrions-nous modifier dans notre vie paroissiale pour que la foi continue de naître et de grandir même si nous devions être confinés des mois et des années ?

Merci d’y réfléchir et de me communiquer vos réponses !

Je n’ai pas oublié l’autre question posée hier : avez-vous imaginé la façon dont l’Evangile a pu être annoncé en quelques années à travers le bassin méditerranéen et même jusqu’en Inde ?

Je reporte à demain des éléments de réponse.