Homélie sur la parabole des talents

13 novembre 2020

PARABOLE DES TALENTS à partir de Mt 25, 14-30

Dans la parabole que l’Evangile nous propose, il y a un message certain : personne n’est laissé sans talent. Et même mieux : chacun reçoit en fonction de ses capacités, de ce qui est possible pour lui.

Considérons la situation de ce serviteur de la parabole qui n’a reçu qu’un seul talent : cet homme est l’exemple de celles et ceux qui, dans notre société mais aussi dans notre Eglise, agissent d’abord par peur au lieu de risquer leur vie sur la confiance. Quand on accepte de relire cette parabole de l’Evangile autrement que dans la perspective d’une séance de remise des prix, on trouve ici le condensé des attitudes et des choix les plus significatifs de notre société. En résumé : « Entre la peur et la confiance, choisis donc la confiance. »

La confiance… Il ne s’agit pas de faire l’éloge de l’insouciance. Il ne s’agit pas non plus de refuser la lucidité car la confiance n’est pas aveugle. L’Evangile rejoint simplement notre expérience humaine la plus profonde : il n’y a de confiance que dans la relation. On pourrait dire, s’agissant de Dieu (mais aussi de toutes ces relations qui sont sources de vie) que confiance rime avec alliance. C’est pour cela que la foi est si importante dans l’Evangile, car le contraire de la foi, ce n’est pas le doute (il peut au contraire devenir le lieu ouvert à nos questionnements bien légitimes et parfois nécessaires) …. mais le contraire de la foi, c’est la peur.

Nous ne pouvons vraiment faire confiance qu’à partir du moment où nous avons fait l’expérience d’une relation où quelqu’un nous fait confiance. Dans la foi chrétienne, c’est le cœur de tout le message : nous pouvons faire confiance parce que Dieu, le premier, nous fait confiance. Revenons à ce serviteur qui n’avait reçu qu’un seul talent… et qui était donc celui qui avait le moins à rendre…. et peut-être de cette façon le plus à donner. La figure de ce serviteur qui n’a reçu qu’un talent, nous la retrouvons à la Génèse de l’humanité en la personne d’Adam qui s’était vu confier un jardin avec ses arbres et ses plantes. Et Dieu lui dit : « Cultive tous ces arbres et toutes ces plantes…. mais accepte que je m’en réserve un. » Adam le prit très mal. Il y eut du soupçon et de la jalousie dans son cœur ; Il entrait, par manque de confiance, dans le cercle vicieux de la méfiance et de la peur. Et ce fut le péché par manque de foi qu’on appelle aussi « péché originel ». Non pas des origines au sens seulement chronologique, mais au sens de ce qui est à l’origine de l’homme, de ce qui fait son identité profonde : être un homme capable de relations et de confiance. En Jésus-Christ, et la parabole des talents en est un exemple, Dieu est venu briser définitivement le cercle vicieux de ce qu’est le péché originel.

Que la confiance balaie nos peurs et nous connaîtrons le vrai bonheur. C’est la promesse de Dieu qui rejoint le désir de l’homme. C’est la bonne nouvelle de cette page d’Evangile.

Père Emmanuel Deluëgue