Pour conclure la présentation faite le 16 janvier dernier aux participants du collectif interreligieux d’Orange sur qu’est-ce qu’être catholique, j’ai tenu à souligner l’importance que nous donnons à l’analogie.
Un mot qui n’a qu’une seule signification ou qui est employé toujours de la même manière est un… univoque. Dans le discours sur Dieu, la conséquence est que « Tout est Dieu » !
Un même mot qui a plusieurs significations qui n’ont rien à voir entre elles est un… équivoque avec comme conséquence qu’ « on ne peut rien dire de vrai sur Dieu » !
Un mot ayant plusieurs significations qui ont quelque chose à voir entre elles… mais aussi des différences est un analogue.
Une première manière :
on attribue en propre et de manière originaire la sainteté à Dieu… mais on l’attribue aussi à un moindre degré à ceux à qui Dieu communique sa sainteté.
Une autre manière :
la connaissance du rapport entre a et b me permet de connaître le rapport entre c et d. Par exemple la relation homme/femme me permet de connaître quelque chose de la relation Christ/Eglise et vice-versa. C’est sur cette analogie que se fonde la foi catholique sur le sacrement et l’état de vie indissoluble du mariage.
L’analogie est la clé qui permet :
a. d’ affirmer la correspondance entre l’invisible et le visible : le monde créé visible est le reflet des vérités éternelles et immuables et du monde créé invisible. Parce que le Fils de Dieu s’est incarné, nous pouvons aller – à partir des choses visibles – aux réalités invisibles.
b. d’avoir une souplesse d’approche sur tous les sujets et particulièrement les sujets de deuxième ordre. Je n’en citerai qu’un seul : la place de Marie et des saints dans la vie des catholiques. Au plus haut degré, il y a Jésus, seul Médiateur entre Dieu et les hommes, comme je l’ai déjà souligné.
Les mots de saints, intercession, association à l’œuvre du salut, corédemption… sont à prendre par analogie parce que Jésus a voulu cette médiation secondaire.
Aujourd’hui, quand nous entendons le préfixe co- comme dans le mot co-responsable, nous comprenons qu’il y a un partage, qu’il y a une proportion que nous estimons inconsciemment à 50/50.
La manière catholique de comprendre le mot corédemption - par exemple - laisse les 100 % à Jésus comme le covoiturage laisse les 100% de la conduite au chauffeur qui tient le volant pendant que les passagers participent à la joie du voyage et contribuent à sa dépense.
La vision catholique rend ainsi visible l’extension de l’action de Dieu dans la vie des hommes et des femmes. Quand nous prions Marie ou la nuée de témoins que sont les saints, nous ne les mettons pas en concurrence avec Jésus mais nous nous réjouissons avec eux de faire partie de la même famille : de cet unique corps du Christ, une partie est déjà née au ciel alors que nous qui lisons ces lignes sommes encore sur la terre, en chemin. Quand nous demandons aux saints de prier pour nous, nous nous rappelons qu’ils ont atteint le but de notre pèlerinage et que leur exemple continue de nous aider. Qu’y a-t-il de choquant à leur demander de s’adresser au Christ en notre faveur ? Demander leur intercession n’empêche pas notre prière au Christ et la certitude qu’Il est le seul Sauveur.
C’est ainsi que les catholiques comme les orthodoxes savent faire la différence entre l’adoration (réservée à Dieu) et la dévotion, reconnaissance que nous avons dans le parrainage des saints.
En conclusion :
Être catholique, c’est s’attacher au seul Sauveur de tous les hommes, Jésus… et pour cette raison être ouvert à tous : l’ouverture au monde, le dialogue et l’écoute ont pour but l’annonce qui rend compte – à tout homme - de l’espérance qui est en nous. (FIN !)
Père Michel BERGER