L’Église universelle célèbre le Christ roi de l’univers. Je dois avouer que la première fois où j’ai entendu l’intitulé de cette solennité je m’étais dit : « Un peu abusé quand même, non ? ».
Blagues à part ; cette solennité n’est pas mise à la fin de l’année liturgique juste pour faire joli. Que le Christ soit roi est une proclamation de foi de l’Église qui nous rappelle qu’il est non seulement ressuscité, monté au ciel et assis à la droite du Père, mais qu’il a aussi été constitué « κύριος – kurios », c’est-à-dire « Seigneur » (cf. Ph 2, 9). Il a reçu tout pouvoir sur le ciel et sur la terre (cf. Mt 28,18).
Mais où s’exerce alors tout ce pouvoir ? Où déploit-il sa puissance ?
Si l’on parle de roi, bien évidement il faut parler aussi du royaume. Car, en fin de comptes, qu’est-ce qu’un roi sans royaume ? (ou un royaume sans roi ?).
Plusieurs sont les fois où Jésus-Christ a parlé de son royaume dans les évangiles (126 fois !), et curieusement ce royaume se présente comme un événement, comme une réalité qui arrive et qui est déjà présente. Le mot grec « βασιλεία – basileia » désigne non seulement le royaume proprement dit, mais aussi le pouvoir, l’autorité. C’est en quelque sorte l’espace où s’exerce l’autorité et le pouvoir d’une personne. Du coup, le royaume de Dieu serait là où Dieu exerce son pouvoir et son autorité. Et on pourrait se dire : « Alors c’est partout ! » Et on aurait trouvé la solution pour dire qu’il est le roi de l’univers.
Mais la chose n’est pas si simple, car il existe un lieu qui peut échapper au pouvoir de Dieu, un lieu où Dieu ne peut pas exercer sa royauté par pure autorité : notre cœur. C’est fou de constater que celui qui peut dire : « Que la lumière soit. Et la lumière fut » (Gn 1, 3), ne puisse pas forcer notre volonté par un ordre direct.
En effet, la volonté d’un roi ne peut trouver son vrai sens que dans celle du service : un roi existe pour servir son peuple. Si Dieu s’est constitué roi, c’est pour servir, autant nous que sa Création. Et comment exerce-t-Il ce « pouvoir de service » ? Tout semble pointer vers le verbe aimer. Comme dirait Saint Thomas d’Aquin : « L’amour avec lequel Dieu aime sa propre bonté est la cause de la Création ».
Il reste à savoir si le Christ règne en nous... si son royaume est aussi le nôtre… si son amour à Lui est aussi le nôtre… si sa vie est aussi la nôtre…
Quel mystère de contempler un roi qui a voulu faire de son peuple un peuple de rois, car chaque baptisé est appelé par son baptême à être roi dans le Roi de l’univers.
Père Pablo SOLIS ENCINA