La Passion selon Saint Luc

10 avril 2025

Dans le récit de la Passion selon saint Luc, il nous est bon de méditer quelques phrases de Jésus avec le regard de Marie : elle les a conservées dans son cœur et les a transmises à l’évangéliste.

« J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir » (22, 15)

Saint Luc souligne que Jésus était capable « de souffrir pour entrer dans sa gloire » comme Il dira aux pèlerins d’Emmaüs (24, 26). Oui, avant tant de saints et de martyrs, et plus qu’eux tous, Jésus est allé à sa mort avec un caractère décidé, résolu, courageux. Tout l’évangile de Luc est construit sur le thème d’une montée à Jérusalem : « Comme approchait le temps où il devait être enlevé de ce monde, il prit avec courage le chemin de Jérusalem. » Et plus loin, Jésus avec beaucoup de force, reprend ce thème de sa vie : « Je dois recevoir un baptême, et quelle n’est pas ma hâte jusqu’à ce qu’il soit accompli » (12, 50). C’est encore un mot propre à Luc que la précision apportée au jour de la Transfiguration : « Moïse et Elie, apparus dans la gloire, parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. » Oui, il nous est bon de savoir que Jésus s’est avancé vers sa mort de manière parfaitement libre en sachant « où » Il allait … comme le précisera saint Jean : « Je vais vers le Père. » (Jean 14, 12). C’est la grande lumière pour notre foi, devant le départ de nos défunts, et devant l’approche de notre départ.

« Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé » (22, 31)

Dans la Passion selon Saint Luc, Satan est mentionné à trois reprises. D’abord comme inspirateur de la trahison : « Satan entra en Judas. » Puis comme tentateur de Pierre avant qu’il ne devienne le « gardien de la vérité pour affermir ses frères » : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés. » Enfin, comme mauvais génie de ces prêtres qui décident l’arrestation de Jésus : « C’est votre heure, et le pouvoir des Ténèbres. » Par cette triple mention de l’acteur invisible, le drame de la Passion acquiert une dimension insoupçonnée pour ceux qui ne lisent les événements qu’au niveau humain. Ce n’est pas un simple « fait divers », c’est le grand combat eschatologique, transcendant. C’est l’annonce de la victoire de Dieu contre l’Adversaire -c’est le sens du mot Satan en hébreu-. On comprend pourquoi, en quittant Jésus, dès le début de son ministère, après la triple tentation au désert, Luc avait dit : « Le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » N’oublions jamais que nous sommes associés à ce redoutable combat. « Satan nous a réclamés » et Jésus insiste par deux fois : « Priez pour ne pas entrer en tentation ». (22, 40 et 46)

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (23, 34)

Plus que toutes les paroles de la Passion, cette phrase apparaît comme un « souvenir » de Marie. Elle était au pied de la croix. Elle a entendu son enfant bien-aimé pardonner à ses bourreaux. Elle a, vraisemblablement, répété dans son cœur cette pensée de son fils, après Lui et avec Lui. Marie a tenu à transmettre à Luc ce mot que les autres évangélistes semblaient avoir oublié. Et Luc, si soucieux de mettre en évidence le fameux thème de la miséricorde, a saisi l’occasion de nous transmettre à nous l’une des perles de la Bonne Nouvelle : Dieu aime les pécheurs ! Dieu fait miséricorde aux pécheurs. N’écoutons pas la Passion, en ce dimanche des Rameaux, sans penser à nos propres péchés.

« Amen, je te le déclare, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (23, 43)

Jésus redit ici comment il a envisagé sa mort : une entrée dans la gloire – une inauguration de son Royaume (23, 42). Ce condamné à mort, paradoxe divin, dispose des places du « paradis » de Dieu ! Comme Il l’avait d’ailleurs annoncé à ses disciples : « Moi, je dispose pour vous du royaume comme mon Père en a disposé pour moi ». Sa royauté a beau être défigurée, refusée par la grande majorité des hommes, jésus a bien conscience d’être roi. Et les injures provocantes des tortionnaires n’y peuvent rien : « Si tu es le roi des juifs, sauve -toi, toi-même. » Le Vendredi Saint, nous viendrons pieusement baiser et adorer cette croix, insigne royal et clef du paradis, où rentrent même les malfaiteurs qui disent avec repentir : « souviens-toi de moi, quand tu viendras inaugurer ton Règne ».

« Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » (23, 46)

C’est, en saint Luc, la dernière parole de Jésus en croix, prise au psaume 31, 6. Comme il nous est bon, n’est-ce-pas, avec Marie, première croyante et exemple de l’Église, de contempler en Jésus le modèle du croyant : Il sait, oui, Il sait qu’en mourant Il ne tombe pas dans le néant, comme voudrait nous le faire croire la pensée athée . En faisant son départ de ce monde, Jésus tombe dans les « mains du Père ».

Non la Passion n’est pas seulement un « reportage ». C’est bien la source même de notre foi. Jésus, merci ! Nous croyons en Toi, et comme Toi, à toutes les merveilles de Dieu.

Stanislas Tamby, diacre