Evoquer, même en la survolant, l’inscription de la foi catholique dans l’histoire, la langue, la culture, la mentalité du premier millénaire nous amène à la date de 1054 où l’Eglise du Christ a connu un première grande et grave déchirure : des différences doctrinales entre les églises d’Orient et d’Occident, des différences sociopolitiques croissantes entre l’Orient et l’Occident, la prise de distance et le rejet de l’autorité papale universelle par les patriarches orientaux ont conduit à la séparation officielle entre
- les chrétiens catholiques (l’Eglise latine dans l’ouest de l’Europe puis aux Amériques mais aussi tous ceux qui restent unis au pape : en effet, il y a des communautés qui, culturellement distinctes des latins, célèbrent en arabe, en slavon, en chaldéen et qui sont unies au pape… donc catholiques)
- et les chrétiens orthodoxes (l’Eglise orthodoxe dans l’est de l’Europe et dans les possessions asiatiques de l’Empire byzantin, ou empire romain d’Orient).
L’autorité papale ! parlons-en ! Revenons à un évènement central de l’Evangile :
A Pierre qui avait dit à Jésus « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Jésus a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
Ce passage de l’évangile ne donne pas seulement à Pierre une place d’honneur parmi les apôtres mais une réelle primauté. D’autres – et nombreux ! - passages du Nouveau Testament illustrent cette primauté.
On peut définir cette primauté comme la mission de maintien de la cohésion et de l’unité de l’Eglise.
1. La primauté de Pierre a été instituée par le Christ quand Pierre reçoit, seul et personnellement, tout ce que Jésus confie aussi aux douze apôtres collectivement, notamment : le fondement de l’Église, le don des clés, du pouvoir de lier et délier, la charge de conduire les brebis du Christ et de les confirmer dans la foi.
2. Dans les Actes des apôtres, comme dans tous les autres écrits de l’Évangile, Pierre est présenté comme le porte-parole et le premier des Douze, comme le chef. Pierre est toujours nommé en premier
Premier des douze apôtres choisis par Jésus (Actes 1, 2), il est aussi le premier apôtre à qui le ressuscité apparaît (Luc 24, 34 ; Corinthiens 15, 5). C’est lui qui indique la voie à suivre pour compléter le collège apostolique après la défection de Judas (Actes 1, 15-22).
Le jour de la Pentecôte, après que l’Esprit Saint fut venu sur les disciples dans la maison où ils se tenaient (Actes 2, 1-13), c’est lui qui prend la parole le premier pour annoncer la réalisation des promesses divines et la Résurrection du Seigneur (Actes 2, 14-36).
Lire aussi Actes 4, 3 ; 4, 5-22 Actes 4, 10-12 Actes 4, 6 ; 19 Actes 5, 1-11 Actes 5, 31 Actes 10, 34-44 .
Pierre et celui qui parle publiquement le premier (une fois encore) à l’assemblée de Jérusalem, en présence de « l’Église », des « apôtres » et des « anciens » (Actes 15, 4). Cette ‘omniprésence’ de l’apôtre Pierre traduit donc un rang exceptionnel et reconnu : le premier parmi les Douze.
3. La primauté de Pierre est transmise aux évêques de Rome successifs : principe de la succession apostolique des évêques. La succession de Pierre est fixée à Rome, siège de son martyre.
4. La primauté ne signifie pas que le pape est plus saint que les autres ! Elle indique que le Christ lui a promis une assistance spéciale pour garder le dépôt de la foi et « confirmer ses frères » (Luc 23, 2).
5. L’Église indivise du premier millénaire a toujours reconnu cette primauté du siège de Rome.
« Là où est Pierre, il y a l’Église et là où il y a l’Église, il y a la vie éternelle. » (St Ambroise de Milan)
Dès le commencement, l’Église a compris que la succession des apôtres existe par le ministère des évêques. Ainsi le ministère de l’unité confié à Pierre appartient à la structure pérenne de l’Église du Christ.
Vers 110, St Ignace d’Antioche salue l’Église romaine qui « préside à la charité [universelle] » (Aux Romains, proem., 4, 3).
Vers 180, saint Irénée de Lyon soutient que « toute l’Église » doit être « unie à celle de Rome », « car en elle la tradition apostolique a toujours été conservée » (Contre les hérésies III, 3, 2).
Vers 250, saint Cyprien de Carthage soutient que l’Église romaine est « source et modèle de l’unité » (Épître 33, 1, 1) dans laquelle « l’épiscopat trouve son unité » (Épître 59, 14)
6. Le mode d’exercice de la primauté peut varier au cours du temps, selon les nécessités du temps. Saint Jean-Paul II a récemment proposé une discussion à ce sujet, pour aider l’unité des chrétiens.
7. Mais la primauté est toujours au service de la communion dans la foi et de l’unité de l’Église et elle est indispensable à cette unité. Tenir ensemble !
Père Michel BERGER, curé