L’Eglise catholique du XVIe siècle à nos jours

14 février 2025

Avec beaucoup de réalisme, il est nécessaire de rappeler que les personnes placées en situation d’autorité sont tentées d’abuser de leur autorité et que cela est une pierre d’achoppement, c’est à dire un scandale surtout pour ceux qui sont faibles dans la foi. Que ce soit le pape ou les évêques, de siècle en siècle, il y a des exemples de fidélité mais aussi des exemples d’infidélité. A telle ou telle époque, l’infidélité a conduit des femmes ou des hommes à remettre en cause non seulement l’attitude de ces hommes d’Eglise (je pense à Sainte Catherine de Sienne venue trouver le pape quand il était en Avignon pour lui rappeler que sa place était à Rome) mais aussi des points de doctrine… ce qui n’est pas du même ordre.

En effet, la manière personnelle de vivre ou d’exercer l’autorité dans une communauté et la définition de la doctrine ne sont pas du même ordre. Il est facile de les confondre quand ils semblent être représentés, incarnés par la même personne. C’est la raison principale de la deuxième déchirure majeure dans l’histoire de l’Eglise : le protestantisme représenté par Martin Luther, Jean Calvin… avec le désir d’un retour à la pureté et à l’authenticité de l’Evangile mais aussi avec certaines simplifications et réductions doctrinales coupant avec une tradition de près de 14 siècles.

Depuis 1054, l’Eglise catholiques (latins et orientaux unis au pape) a continué son avancée dans le temps… en recherchant toujours la réconciliation (Concile de Florence en 1435). En réponse au protestantisme qui réduit le nombre des sacrements et diverge de la foi catholique, l’Eglise se réunit au concile de Trente : elle y précise la doctrine et la discipline catholiques tout en engageant une réforme pour une plus grande fidélité à Jésus. Le concile de Trente donne une profession de foi précise et complète sur des questions telles que la justification par la foi, l’articulation de la foi et des œuvres, les 7 sacrements. Un catéchisme universel est rédigé. Les séminaires sont institués…

Après le concile de Trente, l’Eglise connait deux autres conciles : Vatican I (1870) et Vatican II (1960) dont le bref passage suivant souligne que l’Eglise catholique se considère - toujours et encore aujourd’hui - l’Eglise du Christ :

Nous professons dans le symbole l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité de l’unique Eglise du Christ. Cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur (Jn 21, 17), qu’il lui confia, à lui et aux autres Apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28, 18, etc.) et dont il a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la vérité » (1 Tm 3, 15), cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique. Lumen Gentium n° 8

Cette affirmation ne signifie pas pour autant que les catholiques seraient arrogants et voudraient aggraver les fractures et déchirures existantes. Elle signifie la continuité et la responsabilité d’être authentiques, sans aveuglement, avec la capacité de se réformer pour être fidèle à l’intention de Jésus.

Aujourd’hui, avec les protestants comme avec les orthodoxes, nous cherchons l’unité sans pour autant gommer nos différences. Nous nous attachons à ce que nous avons en commun : la foi en Jésus et la foi trinitaire. Nous savons nous reconnaître comme frères et sœurs…
Les théologiens, c’est-à-dire les spécialistes de notre foi, mais aussi les responsables de nos communautés respectives échangent et dialoguent… par exemple, un rapprochement important a été fait en le 31 octobre 1999 entre l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur le thème de la justification par la foi. C’est un accord essentiel qui écartait les malentendus sur le rôle joué par la grâce divine, sur la place du péché, sur l’action des hommes comme coopérateurs de la toute-puissance agissante de Dieu. (à suivre) 

Père Michel BERGER, curé