Nous considérons souvent l’héritage comme la ‘partie qui me revient de droit’. Autrement dit : ces biens matériels que l’on attend presque comme un dû - parfois avec cupidité. Soyons attentifs ! Il s’agit de biens que je reçois sans avoir travaillé pour les avoir… ! Il s’agit bien de les recevoir… comme un cadeau… !
La question de l’homme riche est surprenante : Que dois-je faire de bon pour avoir en héritage la vie éternelle ? Pourquoi faudrait-il faire quelque chose pour un héritage ? Pourquoi faudrait-il travailler ?
Cet homme nous dit l’Evangile avait de grands biens : il avait probablement hérité des biens de son père. Néanmoins, instruit dans le respect de la Loi du Seigneur, il avait cette sagesse qui tient pour rien les richesses de ce monde et ne met pas en balance les biens spirituels avec les pierres précieuses ou l’argent…
La question de l’homme riche au Seigneur manifeste son souci et sa recherche du bonheur éternel. Son interrogation souligne que, pour l’héritage des biens spirituels, ce n’est pas la chose transmise qui compte mais bien l’attitude d’âme du récipiendaire : la vie éternelle se reçoit des mains du Père, dans une attitude filiale, confiante, reconnaissante, allant jusqu’à l’émotion et à l’admiration devant l’amour infini.
Le Père ne nous doit rien mais Il aime tant donner gratuitement à ceux qui son prêts à recevoir ! L’héritage de la vie éternelle ne se revendique pas. Ce n’est pas un dû… c’est un don de Dieu. Ce que l’enfant prodigue n’avait pas compris au jour de son départ, son Père miséricordieux le lui apprend au jour de son retour.
Demandons à Dieu notre Père de nous montrer le chemin qui mène à la vie éternelle et de nous apprendre avec quelle attitude d’âme nous devons le parcourir pour ne pas nous égarer et la perdre.
Ce Chemin, nous le savons, c’est le Christ ! Je suis appelé à
- lui être uni dans la prière… Jésus est vivant dans ma vie… il est ma plus grande richesse !
- écouter sa voix et observer les commandements. Ces derniers montrent les limites du chemin : le meurtre, l’adultère, le vol, le mensonge, le manque d’amour et de respect envers nos parents ou envers nos frères… sont le ’hors piste’ qui ne nous conduisent au ’casse-pipe’ et à la mort.
Le Chemin, c’est la personne de Jésus qui nous apprend l’attitude d’âme avec laquelle nous devons espérer agir et travailler pour la vie éternelle : tout au long de sa vie, Jésus met en valeur la pauvreté du cœur qui attend tout de Dieu… surtout cet héritage… L’esprit imbu de sa propre personne et bouffi d’orgueil, le cœur plein de lui-même et de richesses y parviendront moins facilement que le chameau dans le trou de l’aiguille.
Pour nous apprendre que la pauvreté est un état d’esprit, Jésus nous montre comment la vivre : les renards ont leur tanière… mais le Fils de l’homme n’a pas une pierre où reposer la tête. Bien plus, Jésus nous invite à vivre effectivement la pauvreté. En s’adressant à l’homme riche de l’Evangile, il s’adresse à chacun de nous : Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi.
Vivre extérieurement dans la simplicité est le meilleur garant de la pauvreté en esprit. Le conseil évangélique de pauvreté s’adresse donc à tous les baptisés. En faire le vœu est le propre de ceux qui s’y engagent par la consécration de toute leur vie, à l’image de Saint François d’Assise…
Bien souvent, en raison de notre état de vie… et des responsabilités qui nous incombent, nous ne pouvons pas ‘tout donner’ de manière radicale et faire ‘vœu de pauvreté’ ! Sachons tout au moins aimer et tenir en haute estime ceux qui la vivent.
Au delà de la pauvreté, recherchons l’état d’esprit des béatitudes : la douceur, la quête de la paix… mais aussi la pureté de l’âme et du corps qui se décline, selon son état de vie, dans le conseil évangélique de la chasteté.
Pour leur part, l’humilité et la simplicité de cœur, peuvent se décliner dans tous les états de vie, mais plus particulièrement à travers le vœu d’obéissance.
Les dix commandements et les huit béatitudes sont la source du bonheur. Le Catéchisme de l’Eglise catholique l’explique aux nos 1716 à 1729 pour les béatitudes et nos 2052 et suivants pour les commandements. Les vivre fidèlement, tel est le gage de la vie éternelle que Dieu nous promet en héritage !
Père Michel BERGER, curé