Pourquoi prier ? Pourquoi, en effet, nous adresser au Père Tout Puissant qui sait déjà ce dont nous avons besoin, avant même que nous ne Lui demandions ? Même si Dieu connaît nos demandes, nos besoins, nos appels, nos souffrances, nos faiblesses et nos péchés, Il attend que nous nous tournions vers Lui, que nous Lui parlions et l’écoutions.
Il y a dans la prière quelques chose du mystère de la communion qui relie les hommes à Dieu et, à travers Dieu, relie les hommes entre eux. La prière est présence de Dieu à nous et de nous à Dieu ; elle est communication et rencontre avec Dieu.
Jésus exhortait ses disciples à prier et à veiller (Mt 25,13 – 26,36-41). Celui qui prie est aussi veilleur. La prière est centrale dans notre vie de foi ; elle est un moyen privilégié de rencontre et de dialogue avec le Dieu Trinitaire, Père, Fils et Esprit-Saint. Pour relever ce défi de la prière, nous pouvons envisager quatre approches :
La prière comme acte d’abandon à Dieu et d’élan d’amour.
La prière est peut-être d’abord cet abandon, cet acte par lequel nous nous faisons petits devant Dieu pour qu’Il grandisse en nous comme le proclamait Jean-Baptiste. Dans la prière nous devons nous reconnaître comme enfants de Dieu . Ainsi par cet abandon au Père, nous nous présentons à Lui tels que nous sommes vraiment : pauvres et humbles de cœur. Par cet abandon, nous nous en remettons à l’Esprit-Saint qui « vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit-Saint lui-même intercède par des soupirs inexprimables ». (Rom. 8,26)
Dans la prière nous devons nous laisser aimer par Dieu, nous débarrasser de tout ce qui fait obstacle à cette relation d’amour avec Dieu, nous laisser remplir de sa compassion et de sa miséricorde. Dieu a fait alliance avec son peuple . Dans la prière, Il renouvelle cette alliance avec chacun.
La prière comme élan de foi : la prière est aussi cet élan de foi par lequel je sais et atteste à moi-même que Dieu est présent auprès de moi. Dans la prière, je manifeste ma foi en l’action de Dieu dans ma vie, puisque je dialogue avec Lui et ai la certitude qu’Il écoute ma prière, qu’Il m’accueille tel que je suis, là où je suis.
La prière comme acte de volonté : notre prière n’est jamais la même au fil des jours. Elle peut être facile ou difficile, aride ou fertile, triste ou joyeuse, pauvre ou riche...... quelle que soit cette prière, elle est souvent acte de volonté. En effet, il nous faudra le plus souvent prendre la décision de prier, de mettre à part un moment avec Dieu, de Lui donner un peu de notre précieux temps. Il faudra nous organiser pour prendre un véritable rendez-vous avec Dieu. C’est un engagement de fidélité.
Bien sûr, la prière peut jaillir en nous, spontanément, avec force, mais au-delà de ces moments forts, de ces temps privilégiés de notre relation avec Dieu, il faudra souvent nous enraciner dans cet acte de volonté et de confiance comme supports à notre fidélité . Il faudra nous organiser et nous équiper pour ces temps de désert qui souvent suivront ces moments de plénitude, ces onctions de l’Esprit-Saint.
La prière comme combat : La prière est parfois un lieu de combat : avec Dieu, contre nous-mêmes et contre l’adversaire.
- Combat contre Dieu : nous faisons la sourde oreille à sa Parole, nous refusons d’accueillir la volonté de Dieu. Notre prière tient plus du monologue que de l’écoute et du dialogue avec Dieu. Moment de révolte contre le Père : il s’agit de véritables combats de Jacob dans lesquels notre victoire est de nous laisser vaincre par Dieu. La victoire de Dieu sur nous, c’est aussi la nôtre.
- Combat contre nous-mêmes : la paresse mais aussi l’absence au rendez-vous avec Dieu « laisse-moi d’abord aller enterrer mon père..... » combat contre nous-mêmes lorsque nous doutons de l’utilité et de l’efficacité de la prière.
- Enfin combat contre l’adversaire (le démon) : plus nous nous approchons de Dieu, plus l’adversaire y fait obstacle.... et le doute s’installe.
La prière est un lieu de combat spirituel. Il n’y a rien d’étonnant ni d’extraordinaire à cela : toute notre vie de foi est combat spirituel. La ruse suprême de l’adversaire consiste à nous le cacher. Nous devons vivre de cette certitude que Dieu a définitivement vaincu le monde par son Fils Jésus le Christ et qu’Il continue à se battre pour nous.
N’est-ce pas au fond précisément pour cela que nous le prions ?
Père Emmanuel Deluëgue