« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit »

5 juin 2020

« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19).

Le dimanche qui suit la Pentecôte nous fêtons la Sainte Trinité. Une solennité importante puisqu’il s’agit du mystère central de notre foi : « La foi de tous les chrétiens repose sur la Trinité » disait Saint Césaire d’Arles. Pour creuser davantage ce beau et grand mystère, je vous invite à relire le catéchisme de l’Eglise Catholique des numéros 232 à 256.

• Lorsque le prêtre célèbre un baptême, il verse de l’eau en disant : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Nous sommes plongés tout entier dans le nom de la Trinité. Vous remarquez que nous disons « au nom ». C’est au singulier car en effet il n’y a qu’un seul Dieu. Il est Père, Fils et Saint-Esprit. Un seul Dieu en trois personnes ou 1 en 3 ! Or, ce mystère nous ne pouvons pas le connaître uniquement par notre raison. Il nous faut la foi. Il a fallu que Dieu se révèle à nous, qu’il nous dise lui-même son nom. Ultimement c’est donc le Christ, en prenant notre condition humaine, qui vient nous révéler le visage de Dieu. Le Fils nous a révélé la relation qu’il a avec le Père : « Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler » (Mt 11, 27). C’est le Christ aussi qui annonce qu’après sa résurrection un autre défenseur nous sera donné : l’Esprit Saint, une autre personne divine par rapport à Jésus et au Père.

• Ainsi, nous reconnaissons qu’il y a un seul Dieu dans la Trinité et que dans cette unité il y a Trinité : « sans confondre les personnes, sans diviser la substance : car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit Saint ; mais du Père, du Fils et de l’Esprit Saint une est la divinité, égale la gloire, coéternelle la majesté ». (CEC 266 citant le symbole « Quicumque »). Les trois personnes sont inséparables dans ce qu’elles sont mais aussi dans ce qu’elles font, tout en manifestant ce qui leur est propre. Ainsi par exemple quand Jésus agit, c’est bien lui qui agit mais pas sans le Père et l’Esprit Saint.

• Dieu Un et Trois pourrait rester tranquillement dans son coin puisque la relation qui unit les trois personnes se suffit à elle-même. Or, Dieu nous à communiquer cette vie par l’envoi de l’Esprit Saint. Il a voulu que nous entrions dans cette unité parfaite : Dieu a voulu introduire sa créature dans sa propre vie trinitaire. Dès lors par le baptême, nous réalisons ce à quoi nous sommes appelés : devenir la demeure de Dieu. Nous devenons ainsi le temple de Dieu, capable d’offrir sur l’autel de notre coeur des sacrifices de louanges au Seigneur. Dieu ne veut plus être vénérés simplement de façon extérieur mais bien au plus intime du coeur de chacun. Quelle vocation ! C’est notre vocation de baptisés, c’est la vocation à la sainteté.

Cet appel à vivre en Dieu, sainte Elisabeth de la Trinité l’a relayé par sa vie. Nous pouvons en ce dimanche prier avec ces propres mots : « La Trinité, voilà notre demeure, notre « chez nous », la maison paternelle d’où nous ne devons jamais sortir. Le Maître l’a dit un jour : « L’esclave ne demeure pas toujours en la maison, mais le fils y demeure toujours ». « Demeurez en moi ». C’est le Verbe de Dieu qui donne cet ordre, qui exprime cette volonté. Demeurez en moi, non pas pour quelques instants, quelques heures qui doivent passer, mais « demeurez... » d’une façon permanente, habituelle. Demeurez en moi, priez en moi, adorez en moi, aimez en moi, souffrez en moi, travaillez, agissez en moi. Demeurez en moi pour vous présenter à toute personne ou à toute chose, pénétrez toujours plus avant en cette profondeur. C’est bien là vraiment la « solitude où Dieu veut attirer l’âme pour lui parler », comme le chantait le prophète. Mais pour entendre cette parole toute mystérieuse, il ne faut pas s’arrêter pour ainsi dire à la surface, il faut entrer toujours plus en l’Être divin par le recueillement. « Je poursuis ma course », s’écriait saint Paul ; ainsi nous devons descendre chaque jour en ce sentier de l’Abîme qui est Dieu ; laissons-nous glisser sur cette pente dans une confiance toute pleine d’amour. « Un abîme appelle un autre abîme ». C’est là tout au fond que se fera le choc divin, que l’abîme de notre néant, de notre misère, se trouvera en tête à tête avec l’Abîme de la miséricorde, de l’immensité du tout de Dieu. Là que nous trouverons la force de mourir à nous-mêmes et que, perdant notre propre trace, nous serons changés en Amour. Ainsi soit-il. » (Sainte Elisabeth de la Trinité).

N’ayons pas peur de vivre notre baptême aujourd’hui !

Abbé Baptiste Vanel