Dépasser les apparences

10 décembre 2020

En ce troisième dimanche de l’Avent, nous voici rendus à une douzaine de jours de la grande fête de Noël.

Déjà la joie éclate dans les rues illuminées, les sapins dressés sur les places, les vitrines décorées.

Les gens circulent dans les rues avec de gros paquets enveloppés de papiers-cadeaux. Tout cela est beau.

Et d’ailleurs, ce troisième dimanche de l’Avent est, traditionnellement, le dimanche de la joie : « soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance ». C’est la consigne de saint Paul dans la 2e lecture. C’est aussi la joie de Marie, le « Magnificat », qu’on chante aujourd’hui comme psaume.

L’Evangile de saint Jean, lui, nous invite à ne pas rester à la superficialité de ces jours qui approchent.

Pour entrer profondément dans la joie de Dieu, nous sommes invités par le grand témoin, Jean-Baptiste, à « croire », pour « reconnaître » Celui qui se tient au milieu de nous, et que souvent nous ne savons pas reconnaître.

Quand les foules, en ce temps-là, accouraient aux bords du Jourdain, c’était bien le Messie, l’Envoyé de Dieu, qu’elles cherchaient : « Es-tu le Messie » ? La réponse de Jean-Baptiste souligne qu’on ne peut se contenter de signes superficiels si l’on veut vraiment rencontrer Dieu : « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas ! » Nous en faisons tous l’expérience : Dieu n’est jamais évident. Il ne s’impose pas à nos yeux, ou à nos oreilles, il ne contraint personne à le connaître. Il est discret, mystérieux, c’est le Dieu caché, invisible, dont parle toute la Bible.

Et Dieu ne peut pas être autrement. S’il était l’un des objets de ce monde, que nous pourrions toucher, mesurer, c’est qu’il ne serait pas le Dieu véritable : il serait comme nous, un être créé, dans la série des objets que nous voyons.

C’est pourquoi, aujourd’hui encore, comme en ce temps-là, la grande voix de Jean-Baptiste nous invite à l’attention. Soyez plus attentifs ! Dieu est dans votre vie, en plein milieu de vous. Mais il n’est pas au niveau des choses perceptibles par vos sens habituels. Vous ne le rencontrerez jamais au bout d’un microscope, ou d’un télescope. Ce n’est pas par vos moyens humains que vous pouvez le reconnaître.

Il s’agit bien d’aller plus loin, et plus profond que ce que voient nos yeux de chair. Jean-Baptiste commence par des signes négations : « je ne suis pas… le Messie, ni Elie, ni le Prophète ». Il ne faut pas s’arrêter aux apparences visibles. Jean-Baptiste « n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. » Dans les trois évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), la prédication de Jean-Baptiste invite à la « conversion » : c’était l’évangile de dimanche dernier, souvenez-vous : « préparez le chemin du Seigneur  » et convertissez-vous. Dans l’Evangile de saint Jean, lu aujourd’hui, il est frappant de remarquer, au contraire, que le prédicateur semble n’appeler qu’à la foi : « Reconnaissez Celui qui est présent mystérieusement au milieu de vous. »

Croire est plus important que tout. Le grand malheur de l’homme n’est pas d’abord l’immoralité, l’égoïsme, l’injustice - même s’il est nécessaire, bien sûr, de s’en convertir, pour préparer le chemin de la rencontre. Le grand malheur de l’humanité, c’est l’incrédulité, c’est le manque de foi, c’est de ne pas reconnaître le Dieu qui est secrètement présent au milieu de nous.

Nous voilà bien avertis. Notre Noël, cette année, comme chaque année, ne sera valable que si nous savons reconnaître ce Dieu qui est secrètement présent dans le petit paquet de chair rose que maman-Marie dépose dans la crèche. Et seule la foi peut nous permettre de dépasser les apparences superficielles.

Allons-nous en rester au niveau des paquets-cadeaux enveloppés de papiers colorés et de rubans ?

Allons-nous faire un geste de foi ? Noël est une invitation à croire. Deux sacrements de la foi nous sont proposés, deux signes pour plonger dans l’invisible : recevoir le pardon sacramentel de Dieu et recevoir le Pain de Dieu dans l’Eucharistie. Car le Verbe s’est fait chair. Il demeure au milieu de nous, et certains ne l’ont pas reconnu, en ce temps-là. Jésus, en ce Noël, nous désirons vraiment Te reconnaître, par la foi.

Stanislas Tamby, diacre