En conscience

27 août 2021

En cette fin du mois d’août, beaucoup d’entre nous se préparent à la rentrée. Que nous soyons partis ou restés à Orange, les deux mois du cœur de l’été nous ont permis de prendre du recul ou, tout au moins, de vivre nos journées dans le calme. A quelques jours de la reprise d’un rythme plus soutenu dont nous craignons peut-être qu’il nous engloutisse à nouveau, j’écris ce billet pour vous encourager : gardons du recul sur nos actions quotidiennes ! Pour cela, je souhaite souligner l’importance d’une faculté très spéciale que Dieu nous a donnée : la conscience.

Quand nous sommes (bien) réveillés, nous sommes conscients de ce que nous disons ou faisons, taisons ou omettons… Cela s’appelle l’advertance : l’attention de mon esprit présent à ce que je suis et à ce que je fais.

Mais la conscience est aussi le jugement de ma raison par lequel je reconnais qualité morale d’une réflexion ou d’un acte concret que je m’apprête à faire, que je suis en train d’exécuter ou que j’ai accompli. Cf. CEC 1778

Dans un monde bruyant où nous sommes saturés d’informations difficile à trier, dans une société festive où nous subissons la pression de toutes sortes de publicités commerciales ou d’injonctions, nous pouvons souffrir de ne pas arriver à nous déterminer librement et en connaissance de cause. Alors que nous passons sans cesse d’une activité à l’autre, comment chacun de nous peut-il être assez présent à lui-même pour entendre et suivre la voix de sa conscience ? cf. CEC 1779

En effet, la vie nous expose souvent à nous soustraire à toute réflexion, examen ou retour sur soi : « qui suis-je ? Quelle est la valeur de mes pensées, de mes actes, de mes paroles ? Comment agir librement ? »
Ecoutons le conseil de Saint Augustin : « Fais retour à ta conscience, interroge-la ... Retournez, frères, à l’intérieur et en tout ce que vous faites, regardez le Témoin, Dieu. » (S. Augustin, ep. Jo. 8, 9 dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 1777)

Ici, il me faut rappeler que la conscience est bien au-delà des passions, des émotions, des envies, des désirs ou de l’inclination du moment. En vérité, la conscience morale s’appuie sur nos facultés intellectuelles et spirituelles : notre intelligence, notre raison, notre volonté… Elles permettent et font nos choix libres. Certes, il est ardu de former son jugement : cela demande le temps et l’effort d’un travail de recherche, de réflexion qui fait apparaître à notre esprit la vérité des choses. Bien souvent, il nous faut chercher, demander et trouver auprès d’une personne compétente et reconnue dans son domaine des explications. Il faut aussi considérer les circonstances, envisager les conséquences - bonnes ou mauvaises - pour moi comme pour les autres. Soyons conscients de notre dignité ! Ne nous laissons pas voler notre liberté !

Une réflexion ou un acte humain va bien au-delà des opinions des uns et des autres :

  • - ils tiennent compte des principes de la moralité,
  • - les appliquent aux circonstances dans un discernement pratique des raisons et des biens
  • - et ils sont enfin posés en connaissance de cause, sereinement, avec conviction, sans arrière-pensée…

Je peux alors dire : « j’ai agi en conscience, c’est-à-dire selon la raison sous le regard de Dieu. »

Présente au cœur de la personne, la conscience morale (cf. Rm 2, 14-16) lui enjoint, au moment opportun, d’accomplir le bien et d’éviter le mal. Elle juge aussi les choix concrets, approuvant ceux qui sont bons, dénonçant ceux qui sont mauvais (cf. Rm 1, 32). Elle atteste l’autorité de la vérité en référence à Dieu, Bien suprême dont la personne humaine reçoit l’attirance et accueille les commandements. Quand il écoute la conscience morale, l’homme prudent peut entendre Dieu qui parle. Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 1777

Frères et sœurs bien aimés, en tout temps mais tout particulièrement dans les choix que nous faisons en ce temps de rentrée, agissons en conscience et en liberté.

Père Michel BERGER, curé d’Orange et de Caderousse