Hôpital

18 octobre 2024

Pour nous aider à être disciples, l’évangile selon Saint Marc fait ressortir la double figure du serviteur et de l’enfant. Ce dimanche, un peu plus loin dans le même évangile, nous faisons face à un incident : les deux fils de Zébédée qui cherchent à se placer dans la gloire du Royaume de Jésus. Ils n’ont pas vraiment appris à être enfants/serviteurs… La réponse de Jésus veut les (nous) guérir de cette ambition d’être premier, meilleur… et de toute forme de comparaison aux autres. Ainsi, en écho à la parole entendue il y a un mois :

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9, 35)

recevons aujourd’hui celle-ci :

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mc 10, 43)

Alors, comment servir ? Comment être serviteur ? …
N’esquivons pas trop vite ce thème parce que nous entrevoyons qu’il passe par la souffrance ! En effet, dans sa réponse à Jacques et Jean, Jésus est très clair, faisant implicitement référence à sa Passion quand il dit :

« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;
et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Tentons d’approfondir notre appel au service en prenant exemple et appui sur Jésus qui, Seigneur, s’est fait le Serviteur et le Serviteur souffrant. Relisons et contemplons la première lecture de ce dimanche :

Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur.
S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours :
par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.

Soyons clairs ! Il n’a jamais été demandé au chrétien de chercher la souffrance ! En revanche, il nous a été révélé que la souffrance – et même la douleur – (quand elles sont là !) sont un chemin vers le Ciel. Il nous appartient alors de les vivre ‘dans le Seigneur’, en sa compagnie, avec son aide.

Accepter d’être aimé, servi, soigné…

Depuis plus de deux mois, hospitalisé, je bénéficie de l’attention de ces femmes (la majorité des soignants !) et de ces hommes qui font de l’hôpital ce que son nom indique : un lieu d’hospitalité. Ceux qui, en raison de la maladie ou d’un accident, sont devenus infirmes, faibles, impotents... en deviennent les hôtes en ce lieu : hospice et hôpital ont la même racine. L’hôpital ne tire donc pas son nom de la maladie (comme dans l’allemand ‘Krankenhaus’ – maison pour les malades) mais bien des hôtes qui y sont reçus pour y vivre.

Je souhaite témoigner qu’à l’hôpital d’Orange, j’ai bénéficié d’une réelle – et bienveillante – hospitalité de la part des médecins, infirmières, aides soignantes, personnes qui assurent la propreté des lieux, kinés, ergothérapeutes… et même de tous ceux qui ne sont pas au contact direct des malades mais qui vous saluent et vous encouragent du regard quand vous marchez avec vos béquilles dans les couloirs. Hôpital, lieu de vie !

Avant de… et pour mieux… se mettre au service pour aimer et soigner les autres.

Dans quelques jours, je reviendrai au presbytère et pourrai reprendre, de manière visible mais encore réduite pour quelques mois, ma mission auprès de vous. Je le ferai riche de l’expérience d’avoir été aimé, servi et soigné… Peu de temps après son élection en 2013, le pape François ne disait-il pas :

« La chose dont a le plus besoin l’Eglise aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. Je vois l’Eglise comme un hôpital… »

Ainsi, dans l’Eglise, c’est-à-dire dans notre paroisse,
il y a besoin de compassion, comme le bon samaritain qui, après avoir versé du vin et de l’huile sur les blessures de l’homme roué de coups, s’en fait le brancardier et le conduit jusqu’à l’hôtellerie. (Luc 10, 25 – 37)

Ainsi, dans l’Eglise, c’est-à-dire dans notre communauté,
nous sommes appelés à porter les fardeaux les uns des autres (Gal 6, 2) et parfois, à porter littéralement nos frères jusqu’au médecin qu’est Jésus. Comme aux urgences - sur un drap -, le paralytique est porté par quatre hommes pour être déposé devant Jésus : Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. (Mt 9, 2)

Ainsi, dans l’Eglise, il y a besoin de ‘Marie’ autant que de ‘Marthe’, (Luc 10, 38 – 42 en continuité du Bon Samaritain !)

  • des ‘Marthe’ qui vivent leur service comme des ‘Marie’ contemplant Jésus dans le frère qu’elle serve
  • et des ‘Marie’ qui contemplent et écoutent Jésus pour se préparer à être des ‘Marthe’.

Mettons-nous donc, par amour, au service les uns des autres (Gal).
Dans l’Eglise, soyons hospitaliers !

Père Michel BERGER, curé