L’espérance est-elle possible face aux catastrophes ?

15 novembre 2024

La télévision nous montre des villes et villages inondés par des pluies torrentielles. Chaque année, des typhons destructeurs sèment la mort à travers le monde. Des tremblements de terre ravagent des habitations de manière presque constante. Ainsi, l’actualité que nous diffusent les médias n’est souvent qu’une suite de mauvaises nouvelles. De manière plus proche, dans nos vies à nous, que de soucis, que d’épreuves, que d’accidents qui pèsent lourdement ! La foi a-t-elle quelque chose à nous dire sur ces questions ? Comment Jésus réagissait-Il face aux catastrophes naturelles, devant les difficultés et les angoisses ?

Jésus sait la fragilité et la fin de toutes choses

Ce dimanche, dans l’Evangile, Jésus parle de « terrible détresse » et de catastrophes cosmiques redoutables dans le soleil, la lune et les étoiles. Quand Jésus évoque ces événements angoissants, Il a, dans l’esprit, des choses bien précises : Il annonce un « déboussolement » général de l’humanité qui se met à suivre des faux prophètes égarant beaucoup de personnes. Il envisage des guerres, des tremblements de terre, des famines. Il prédit de terribles persécutions contre les croyants. Il prévoit la destruction du temple de Jérusalem dont il ne « restera pas pierre sur pierre », comme si on annonçait aujourd’hui la destruction de la basilique Saint-Pierre de Rome ! Jésus est parfaitement lucide. Il sait la fragilité de toutes les choses humaines. Il voit venir sa mort prochaine : l’étau de ses ennemis se resserre de jour en jour. Il vient d’annoncer par trois fois qu’Il va être tué violemment et mourir à bout de son sang.

Pourtant, face à ces épreuves angoissantes, Jésus reste invinciblement optimiste. Oui, à quelques jours de sa propre mort, dans son dernier sermon – celui que nous appelons « sermon eschatologique », c’est-à-dire « sermon sur les derniers temps » – Jésus affiche une sérénité paradoxale, un optimisme presque incroyable. Devant le constat tragique du mouvement de l’Histoire, devant son propre destin personnel de jeune adulte dont la vie est brisée à 30 ans, Jésus proclame : « Quand vous verrez toutes ces catastrophes arriver… sachez que l’été est proche ». C’est donc la belle saison qui s’annonce, comme lorsque le figuier bourgeonne et laisse éclater ses pousses tendres au printemps.

Loin d’interpréter les catastrophes cosmiques ou historiques comme des signes annonciateurs de la destruction totale de l’univers, Jésus y voyait plutôt l’annonce d’une prodigieuse espérance :

« Sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. »

Quand tout semble s’écrouler autour de Lui, quand la sinistre mort est toute proche, Jésus affirme que c’est « l’été » qui vient ! C’est l’achèvement définitif de l’histoire : « On verra le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel ». Prétention exorbitante, si on réduit Jésus à n’être que l’homme de Nazareth. Non ! ce pauvre homme fragile qui sait qu’Il va mourir dans quelques jours ne peut se réduire à notre pauvre dimension humaine : Il voit loin, Il voit grand. Il semble prendre soudain la place de Dieu. Il se voit comme le juge de la fin des temps, selon la prophétie célèbre de Daniel (7, 13-14). Il annonce la réussite du projet universel de Dieu : les élus, les aimés de Dieu sont rassemblés dans un bonheur total et durable. « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ! » Personnalité hors du commun. Invincible optimisme !

Comment et quand tout cela arrivera-t-Il ?

Nous écoutons Jésus. Nous voulons Le croire. Sa résurrection signera la vérité de ces paroles. Mais nous ne pouvons rien imaginer. Nous retenons seulement que le monde actuel, tel que nous le voyons, doit subir une transformation radicale. Nous le savons d’ailleurs très bien : l’univers a besoin d’être profondément changé pour devenir vivable.

Evoquons la montée de la violence, le chômage et le désarroi de la morale. Oui, Il faut que ce monde passe, pour voir le monde nouveau. Serions-nous dès lors réduits à attendre passivement l’été qui vient ? Il ne semble pas que ce soit là une bonne interprétation de la pensée de Jésus. Il dit que « nul ne sait le jour ni l’heure ». Mais Il insiste surtout sur l’urgence des échéances, impossibles à repousser à demain. « Je vous le dis, cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. » Cette belle saison qui est en train de mûrir, elle est à notre porte. Le rendez-vous de Dieu, c’est aujourd’hui, à ta porte. Le règne de Dieu est en train de gagner. Que fais-tu pour qu’Il grandisse ?

Stanislas Tamby, diacre