Jésus enseigne à prier. En pédagogue, Il nous prend là où nous en sommes et progressivement nous conduit vers le Père. S’adressant aux foules qui le suivent, Jésus part de ce qu’elles connaissent déjà de la prière selon l’Ancienne Alliance et les ouvre à la nouveauté du Royaume qui vient. En Jésus « le Royaume de Dieu est tout proche » (Mc 1,15). Jésus révèle, en paraboles, cette nouveauté.
Trois paraboles principales de la prière nous sont transmises par St Luc (CEC 2613). Les lire et relire au cours de
cette 4 ème semaine de Carême.
- L’ami importun (Lc 11, 5-13) invite à une prière instante : « Frappez, et l’on vous ouvrira. » A celui qui prie ainsi, le Père du ciel « donnera tout ce dont il a besoin », et surtout l’Esprit Saint qui contient tous les dons.
- La veuve importune (Lc 18, 1-8) est centrée sur l’une des qualités de la prière : il faut toujours prier sans se lasser avec la patience de la foi. Jésus, dans cette parabole, en donne d’emblée la clef : Il exhorte à prier sans se décourager. L’histoire met en scène deux personnages : la veuve, le type biblique par excellence de la personne sans défense, et un juge, en réalité peu empressé à rendre la justice. C’est l’attitude persévérante de la veuve qui change le comportement du juge. Jésus exhorte donc les disciples à la persévérance : s’ils crient jour et nuit vers lui, Dieu ne tardera pas à leur faire justice ! Mais le risque est que les disciples perdent confiance : « Mais Le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre ? » Dans la figure du Fils de l’homme, Jésus leur fait pressentir à la fois sa Passion et sa mort et sa venue glorieuse à la fin des temps. Saurons-nous persévérer avec foi dans la prière ? Le cri de Sa prière résonne-t-il à nos oreilles « Sitio » « J’ai soif ». Quelle réponse lui faisons-nous ? Crier/Prier… à temps et à contretemps. Lc 18, 7-8 « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, tandis qu’il patiente à leur sujet ! Je vous dis qu’il leur fera prompte justice. »
Dans ces deux paraboles le trait commun est que les interpellés -ami ou juge- cèdent pour avoir la paix. Et ce trait commun fait ressortir à fortiori l’attitude de Dieu qui est juste et Père. Dieu est dialogue. « Où es-tu ? » (Gn 3,9), « Qu’as-tu fait ? » (Gn 4,10) C’est la relation au ‘Tu’ qui fait advenir le ‘Je’. Quelle est ma réponse à la prière instante de celui qui
se fait proche ? De qui je me fais proche ? « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Gn 4, 9) Dieu est un Tu qui ne peut jamais devenir un il. Le dialogue avec Dieu est prière. La Vérité se manifeste par et dans le dialogue.
- Le Pharisien et le publicain (Lc 18, 9-14) concerne l’humilité du cœur qui prie. « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis. » Cette prière, l’Église ne se cesse de la faire sienne : « Kyrie eleison ! »
Quand Jésus confie ouvertement à ses disciples le mystère de la prière au Père, Il leur dévoile ce que devra être leur prière, et la nôtre, lorsqu’il sera retourné, dans son Humanité glorifiée, auprès du Père. Ce qui est nouveau maintenant est de demander en son nom. (Jn 14, 13) La foi en Lui introduit les disciples dans la connaissance du Père, parce que Jésus est « Le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14,6).
La foi porte son fruit dans l’amour : garder sa Parole, ses commandements, demeurer avec Lui dans le Père qui en Lui nous aime jusqu’à demeurer en nous. Dans cette alliance nouvelle, la certitude d’être exaucés dans nos demandes est fondée sur la prière de Jésus (Jn 14, 13-14). Plus encore, ce que le Père nous donne lorsque notre prière est unie à celle de Jésus, c’est « l’autre Paraclet, pour être avec vous à jamais, l’Esprit de Vérité » (Jn 14, 16-17). Dans l’Esprit Saint, la prière chrétienne est communion d’amour avec le Père, non seulement par le Christ,
mais aussi en Lui : « Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez et votre joie sera parfaite » (Jn 16, 24).
Une prière instante, persévérante et dans l’humilité est exaucée. Jésus exauce la prière de foi, exprimée en
paroles ou en silence. Jésus répond toujours à la prière qui l’implore avec foi : « Va en paix, ta foi t’a sauvé ! » Une humanité qui ne prie plus s’asphyxie. Prier, c’est ne plus être emprisonné dans un en-deçà dépourvu de sens :
« N’avez-vous pas un monde immense en vous ? Soyez son cri, et vous aurez tout dit. Il suffit d’être, et vous vous
entendrez rendre la grâce d’être et de bénir ; Vous serez pris dans l’hymne d’univers, vous avez tout en vous pour
adorer. Car vous avez l’hiver et le printemps, vous êtes l’arbre en sommeil et en fleurs ; Jouez pour Dieu des branches
et du vent, jouez pour Dieu des racines cachées. (…) Jouez aussi des anges qui voient Dieu. » (Hymne : En toute vie le silence dit Dieu. La Tour du Pin – CNPL)
« Prier, c’est laisser l’Esprit emplir tout son être, c’est une arme spirituelle.
Le chrétien pressent la puissance de l’invisible, l’unité secrète de tous dans l’altérité de chacun (…) ». La prière, dans l’abandon, est un acte de confiance. Confiance devant un changement d’époque : « deviner que le monde est tout autre. Ce monde est l’objet d’une métamorphose glorieuse qui, à travers la prière, l’amour et la création, élabore le monde vrai, définitif, qui sera la sainte humanité, le Corps de vie de notre Dieu. Et déjà s’ouvrent des puits, déjà jaillissent des sources, des oasis peut-être, pour nous consoler dans notre exode. (…) » Olivier Clément, France Catholique
Et parce que, catholiques, nous réitérons attendre que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur… Soyons toujours joyeux et prions sans cesse, En toute chose rendons grâce à Dieu !
C’est sa volonté sur nous dans le Christ. Gloire à toi, ô Seigneur notre Dieu !
Marylène GOUDARD