Une paroisse sans électricité !

10 août 2024

Je suis le Père Pascal RATIARISON, prêtre de Madagascar. J’étais vicaire à la paroisse d’Orange en 2018 – 2020. Votre curé m’a demandé d’écrire quelques mots sur la pastorale que je fais dans mon pays.

Quand je suis rentré à Madagascar, au moment de la Covid en Septembre 2020, j’ai été nommé curé dans le district missionnaire d’Ambatofotsy à une centaine de kilomètres d’Antsirabe la ville où habite l’évêque de mon diocèse. Le district missionnaire d’Ambatofotsy est l’endroit le plus enclavé du diocèse d’Antsirabe. La route n’est pas praticable pendant la saison des pluies. A mon arrivée, le camion qui amenait le ravitaillement a été bloqué dans la boue pendant deux semaine à cause de la pluie. Les commerçants ont été obligés de venir chercher leurs marchandises avec des charrettes.

Dans cet endroit, il n’y a pas encore l’électricité. Quand le soir tombe, on allume la bougie ou bien la lampe à pétrole. On vit sans électricité. Mais à la campagne cette situation sans électricité est normale et les gens y sont déjà habitués.

Sur le plan pastoral, nous étions trois prêtres dans ce district missionnaire. J’avais deux vicaires. Comme organisation pastorale, le dimanche, nous les prêtres, nous allons visiter les églises et les paroissiens aux alentours. Traduisez : pour dire une messe dans une église située à Tampoketsa, nous devions faire 4 heures à pieds (donc 8heures pour l’aller et le retour). Parce qu’il n’y a pas de route, il est impensable d’y aller en voiture, en moto ou même en vélo. Il est arrivé que, à peine l’église rejointe, nous avons dû célébrer rapidement pour éviter la pluie en rentrant à la maison.

Le dimanche de Pâques en 2023, un catéchiste, un séminariste et moi, sur le chemin du retour, nous avons été frappés par la foudre. Nous avons été brulés mais finalement nous étions en vie. Malheureusement le catéchiste, frappé lui aussi par la foudre, est décédé.

Au retour de la messe du dimanche, parce que nous n’avons pas de chauffe-eau, la règle était que le séminariste qui garde la maison ce jour-là prépare dans la cours du presbytère une grande marmite d’eau chaude pour les prêtres et les séminaristes qui sont en marche. Quand ils arrivent à la maison, ils ont la possibilité de prendre leur douche avec de l’eau chaude, indispensable après quelques heures de marche ! Celui qui, le premier, prend de l’eau chaude dans la marmite, la remplit de nouveau pour que ceux qui arrivent après lui aient aussi de l’eau chaude.

En ce qui concerne la cuisine, comme nous n’avons pas d’électricité en brousse, on fait cuire la nourriture au feu de bois, ou avec du charbon. Nous repassons nos vêtements avec un fer à charbon. Et s’il y a besoin d’eau chaude la nuit, il faut d’abord allumer le feu au bois ou au charbon. Enfin, pour transporter le malade à l’hôpital, il faut quatre personnes qui montent un brancard sur leurs épaules avec le malade dessus. En brousse, c’est le moyen le plus sûr et le plus rapide. L’ambulance n’existe pas, donc les gens se débrouillent.

A Madagascar, dans la mission de l’Eglise, l’éducation et l’évangélisation sont inséparables ! Dans le district missionnaire ou j’y étais, à côté de chaque église, il y a aussi une école catholique. Responsable de toutes les églises, le curé l’est aussi de l’école catholique adjacente. A l’école, nous donnons l’éducation chrétienne aux enfants.

Comme méthode pastorale, à part des messes à l’Eglise, et les cours à l’école, nous faisons beaucoup de visite à domicile aussi. C’est un moyen pour nous les prêtres de connaitre la situation de nos paroissiens, leurs difficultés comme Jésus disait : « le bon pasteur connait ses brebis, et les brebis écoutent la voix du bon pasteur » Jean 10,11-18 et aussi comme il a dit dans l’évangile selon Saint Matthieu : « J’étais malade, vous m’avez visité » Mt 25,36

Chers frères et sœurs, merci pour votre soutien à notre mission à Madagascar. Merci pour ce que vous avez fait ces dernières années : la prière, l’aide matérielle (les fournitures scolaires) et aussi financière. Merci au Père curé, le Père Michel Berger qui m’a donné cette possibilité d’écrire cet article sur ma mission dans mon pays. Merci et que Dieu vous bénisse.

Père Pascal RATIARISON, prêtre du diocèse d’Antsirabe, MADAGASCAR